Destination : 44 , Sartre


Destinata sententia

Il dit : « l’ existence précède l’ essence ».
Aux flans des montagnes sèches de Provence
S’ agrippent, dans la chaleur, sans réticence,
Fine lavande, noble inflorescence.

Méconnaissant des mouches la médisance,
Grappes violacées aux suaves fragrances,
Du vent, escortent la douce somnolence,
De la distillation, n’ ont point connaissance.

Hélas, à l’ âge mur, à la sénescence
Belle fleur, donnez votre quintessence !
De ce fatal destin, point de prescience
De l’ anéantissement pas de conscience.

L’ humain qui a vécu n’ a pas cette chance.
Il savait, il n’ était pas dans l’ ignorance.
Qu’ a donc était son choix ? Homme de science ?
Libre penseur ? Ou bien gibier de potence ?

Avait-il réellement la préférence
Cela semble chimère ou apparence
Que de vouloir adopter cette croyance !
L’ alternative vient-elle à la naissance ?

Le misérable qui n’ a pas eu de consistance
Vivant chaque heure dans l’ indifférence
A son passé devra faire allégeance
Car il sera jugé sans complaisance

Abandonné au moment de l’ échéance
Faible, il meurt dans la désespérance
On lui avait dit, cruelle pénitence,
Sais-tu ? "L’ existence précède l’ essence."

Corinne