Destination : 142 , Débuts de rentrée


Mission

Le fusil s’enraya après le dernier coup de feu et le bébé resta debout, cramponné au bord du berceau, les yeux fous, hurlant à plein poumons.

Alors l’homme, immobile, le fusil à la main, posa son regard sur ce petit bout d’humain qui s’égosillait en se demandant comment un être aussi frêle pouvait avoir un tel coffre. Et puis le regard hagard du nourrisson s’est posé dans les yeux de l’homme et le silence s’est installé. Un grand silence qui enveloppait ces deux-là et les laissait hébétés. L’enfant regardait l’homme intensément, la bouche ouverte, dans une attente désespérée.

Dans la chambre à côté, le corps de sa mère gisait dans une flaque de sang mais il n’en savait rien. Il avait eu très peur lorsqu’une terrible déflagration l’avait arraché de son sommeil…

Maintenant le calme semblait être revenu dans la maison. Le bébé s’assit dans le berceau et fit un petit sourire à l’homme en penchant la tête sur le côté en signe amical. L’homme était tétanisé, comme envoûté par cette découverte qu’il n’avait pas prévue. La bouche sèche, il n’arrivait même plus à avaler sa salive. Des pensées confuses se bousculaient dans sa tête. Il ne savait plus ce qu’il faisait dans ce décor ni quelle allait être la suite de sa mission.

C’est alors que le bébé se mit à gazouiller et lui tendit les bras. Des petits bras potelés dans un pyjama blanc. Ce fut un étrange moment. L’homme comprit que sa vie basculait et que plus rien ne ressemblerait à ce qu’elle avait été.

Il n’y avait plus une minute à perdre. Il saisit l’enfant d’un seul bras, le cala contre sa poitrine et, le fusil dans sa main gauche, s’assit sur le rebord de la fenêtre et disparut dans la nuit…

Fabinuccia