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La cabane d'Eulalie

La cabane d’Eulalie.





Au hasard d’une promenade automnale dans le pays de Dieulefit, sur un chemin de cailloux blancs, je me suis arrêtée devant une fenêtre…C’était une vision assez insolite car cette fenêtre était suspendue à la branche d’un chêne et se balançait doucement bercée par une brise d’octobre.

Des grelots, des petits bouts de bois, des cuillères, des bijoux fantaisie, accrochés à cette fenêtre ouverte sur le rêve et l’imaginaire, faisaient un cliquetis mélodieux.

Sur une pancarte en bois clouée à une grosse branche était inscrit : « La cabane d’Eulalie ».

Au pied de l’arbre, un petit banc, composé d’une planche posée sur deux gros cailloux, invitait à s’asseoir. Eulalie avait écrit dessus : « Vous pouvez vous reposer ou vous amuser mais surtout ne volez rien ».

Tout à côté du banc, je trouvai un gros galet décoré d’arabesques naïves et, marqué au feutre indélébile : « Petits mots pour Eulalie ». Le galet tenait fermée une boîte en plastique dont l’étiquette, à moitié déchirée et effacée par les intempéries, laissait deviner qu’elle avait autrefois contenu de la glace à la vanille.

J’ouvris la boîte. Sur des petits morceaux de papiers pliés étaient griffonnés des messages pour Eulalie.

« Bonjour Eulalie.

Je suis déjà passé ici l’année dernière. Ton arbre magique est toujours là.

Je te fais un clin d’œil avant de retourner en Belgique »

Et puis « Eulalie, je ne fais que passer. Continue de rêver »

Et aussi « Dans tous mes voyages, je vois des choses magnifiques, mais rien ne ressemble à ta cabane pour rêver ».

Je m’assis un moment sur ce banc de fortune.

Qui es-tu Eulalie ? Tu as accroché dans les branches de l’arbre, comme dans un sapin de Noël, des poupées costumées, un cheval de bois, un collier indien, des pompons rouges, des fleurs en tissus. Certains sujets ont pu être déposés par des marcheurs de passage comme moi. Pour laisser une trace…Et oui, une trace… Pourquoi avons-nous un tel besoin de laisser une trace…Un écrit…Et je ne peux m’empêcher de faire un parallèle avec l’atelier d’écriture où je me suis inscrite il y a trois mois…Je n’en connais pas la raison profonde.

Je sais simplement que cela me fait un bien fou d’écrire, et d’être lue…

L’idée de partager ajoute une nouvelle dimension à ce bonheur. Partager, communiquer…

C’est cela que tu fais Eulalie ! Ce sont des petits morceaux de toi que tu as accrochés dans le chêne et qui nous racontent des histoires. Chacun peut inventer la sienne.

Es-tu une petite fille qui joue, ou bien une jeune fille fantasque, une vieille femme qui passe pour la folle du village ?

Ce n’est pas l’important…

Tu sèmes une trace de toi pour que chacun invente son histoire.

N’est-ce pas ce que nous faisons tous ici ?





Fabinuccia.

Fabinuccia