Destination : 27 , L'incipit d'Antoine B.


Le village

Après la seconde guerre mondiale, les trains recommencèrent à rouler.

Nous entendions à nouveau les coups de sifflet du chef de gare

retentirent jusqu'au cœur du village.

La vie reprenait petit à petit le chemin qui était le sien.



Sur la place de l'église les enfants couraient. Ils profitaient à

nouveau des rayons du soleil, bientôt ils retourneraient à l'école.

Pour le moment épuisés, ils s'arrêtaient, s'asseyaient au bord de la

fontaine.

L'eau n'y coulait plus, mais ils espéraient bien un jour s'y

désaltérer comme avant.



Assis au centre de la place ils regardaient les « grands » s'affairer.

Près de l'Hôtel de ville il y avait le charpentier. Il était grimpé

sur le toit de l'école. Il ne chômait pas. Du levé du jour à la

tombée de la nuit, il cognait, sciait, réparait.



Non loin de là il y avait le boulanger. Il se tenait sur le pas de sa

porte, un léger sourire sur son visage. Ce matin il avait reçu de la

farine. Il allait pouvoir faire du pain, et cette fois il y aurait

pour tout le monde.



Une silhouette noire se dirigeait à grand pas vers l'église. C'était

Monsieur le Curé. Il marchait en secouant la tête tristement et en

soupirant. Il s'arrêta près de la fontaine et leva les yeux vers son

église. Aujourd'hui à la place du clocher il n'y avait plus qu'un

trou béant. Souvenir des heures terribles vécues au village.

Le voyant ainsi les enfants se groupèrent autour de lui.



-« Bonjour Monsieur Le Curé » dit l'un d'eux.

-« Bonjour vous tous »

-« M `sieur Le Curé, on va vous le refaire votre clocher ? » Demanda

l'un des enfants.

-« Oui, sans doute. »



Voyant son regard triste les enfants restèrent près de lui en

silence. Monsieur Le Curé était perdu dans ses pensées.



- « Tant de choses se sont passées durant toutes ces années,

tant d'horreurs. Tant d'hommes ne sont pas revenus. Combien de ces

enfants grandiront sans un de leurs parents ? »

Monsieur Le Curé esquiva un triste sourire en regardant les enfants

qui étaient repartis dans leurs courses folles.

- « Aujourd'hui on revenait au village. Dès que cela sera

possible, j'emmènerai ces enfants voir un bout du monde, et alors, un

jour nous prendrons des trains qui partent.

Karine