Destination : 144 , Magique !


Le Ballet des saisons



Un début d’été, une terrasse avec vue sur le parc, une rencontre pleine de promesses…quelques mots échangés et déjà tu perds le fil du quotidien, accusant le serveur d’une erreur qu’il n’a pas commise. Tu es troublé par ma présence, par ma voix, par ce je ne sais quoi qui t’a attiré vers moi.



L’été se poursuit, de mails en sms, de sms en rencontres, il y a la tension qui monte, l’impatience de se lire, de s’entendre, de se revoir. Il y a l’ivresse qui précède ces rendez-vous volés au temps, le charme de ces bulles légères comme les bulles de savon qui s’envolent dans le soleil.

L’odeur de la cire, de l’encaustique dans l’escalier qui monte à la chambre, les draps blancs sur ce lit ancien, ta bouche qui se pose sur la mienne. Tes mains de musicien qui jouent de leur plus bel instrument, une composition inspirée qui m’emmène plus loin que nos enveloppes corporelles.



Un instant, une parenthèse, deux corps qui se tendent et s’offrent, deux peaux qui se reconnaissent, une rencontre….



L’été touche à sa fin et se charge d’odeurs fortes, le bleu du ciel s’intensifie, l’air devient plus lourd, l’escalier qui monte à la chambre se fait plus sinueux.



Tes mains de musiciens se perdent dans la diversité des gammes, tes arrangements ne s’accordent plus à nos vies. Il y a toujours une note de trop, un temps mort qui nous fait trébucher dans notre danse des corps.



L’automne arrive et nous entraine sur des routes assombries, la brume mystérieuse qui me recouvrait s’est déchirée, reste ce brouillard dans lequel je peine à te reconnaitre.



Il fait froid désormais, les terrasses des cafés se vident et dans le parc, les feuilles mortes tourbillonnent en une valse déchirante que nos corps ne dansent plus.



Le musicien a rangé son instrument, ses mains se sont engourdies, bientôt elles seront à nouveau paralysées. Son cœur a ralenti le tempo, la lumière se rallume

brutalement; cruelle elle fait apparaitre toutes les failles de l'histoire.



Je me lève, essuie la larme qui glisse le long de ma joue et quitte la salle. Tu

ne m'as pas vu, tes yeux fixent tes mains. Il n'y a que la froideur de tes

doigts soudainement raidis qui t'inquiètent.

Lola