Destination : 70 , Combinaisons carrées ou Sudoku poétique


Inavouable ( categorie Hors Sujet )

Inavouable……


Certains auteurs aiment faire des confidences, je vais essayer ici de faire les miennes.
Ne soyez pas choqués, mais voyez y plutôt un petit délire sans prétention.







1 Lapin à la moutarde.

Ma fille aînée à l’époque devait avoir 3 ans, l’age de l’entrée en maternelle, l’age de la propreté et surtout l’age à partir duquel les parents sont enfin débarrassés de leurs enfants au profit de l’éducation national qui nous les rendra une quinzaine d’année plus tard la tête vide, bourrés de certitude, boutonneux et défoncés au shit.

A cet age tendre, les enfants ont une passion pour les animaux, c’est comme ça, on n’y peut rien, la nature est ainsi faite. Dès que quelque chose a des poils, plus de deux pattes et s’exprime par borborygme, l’effet est immédiat sur l’enfant de 3 ans, il devient fou de joie.

La plupart des parents achèteront un chiot ou un chaton, les plus téméraire opteront pour un ourson ou un lionceau, j’avais pour ma part choisi l’option bucolique et décidé d’offrir à ma fille un lapin nain.

Sa reconnaissance fut immédiate, elle s’agrippa à ma jambe les yeux remplis de larmes et murmura d’une voix étranglée « Mmmerci, Papa.. ».

Tant que l’animal était en cage, il n’y avait pas de soucis mais dès que la boule de poils était en liberté c’était l’enfer. Ma petite suivait l’animal pour le caresser pendant que je fermais la marche un sac plastique à la main pour ramasser les crottes.

Au bout de trois jours, je n’en pouvais plus et je décidais d’occire le lapin.

J’ai donc appelé la jeune propriétaire de l’herbivore à queue touffue pour lui faire part de mon attention génocidaire et culinaire puisqu’une fois le forfait accompli mon but était de joindre l’utile à l’agréable en préparant un merveilleux lapinou à la moutarde.

Sans plus attendre, j’ai attrapé l’animal par les pattes arrières de la main gauche et avec une violence dont je me croyais incapable j’ai frappé l’animal sur la nuque de la main droite. C’est de là que vient l’expression « faire le cou du lapin ».

La chose poilues était ridicule maintenant, son corps inerte avait un coté pathétique et je ne manquais pas d’expliquer à ma petite princesse que son usine à crotte préférée allait être dépecée ouverte et vidée sous peu.

Une fois la cuisson terminée, j’obligeais ma fille à venir s’asseoir et à manger le plat de résistance. Je la ligotais sur sa chaise haute et lui ouvrit la bouche de force pour y enfourner un petit morceau de cuisse cuit à point.

Elle n’avait pas l’air d’avoir très faim ce midi là, prise de tremblements convulsifs, les yeux implorant et hurlant à m’en plus finir, je n’ai pas insisté puisque comme chacun le sait « un enfant ne se laisse pas mourir de faim » et je l’ai détaché de sa chaise pour qu’elle aille finir sa crise de nerf dans le placard toute lumière éteinte.


1 Les chats explosent.


Je devais avoir approximativement 8 ans quand j’ai découvert la joie que peut procurer un feu d’artifice.

J’étais en vacance chez mon oncle et je me souviens très bien du feu d’artifice qu’il avait organisé dans son jardin pour le 14 Juillet.

C’était magique, mon regard était presque aussi émerveillé que celui de mon tonton quand il reluquait mes cousines prendre leur douche lorsque les explosions se succédaient à un rythme endiablé.

C’est ce jour là que j’ai découvert les pétards et que la passion de la déflagration et de la fragmentation m’a conquis.

J’ai commencé mes expériences avec de petits pétards à mèches courtes pour finir avec le Must du Must, le pétard Mammouth à mèche longue.

Il s’agit d’un gros pétard rouge à mèche assez longue dont l’explosion puissante est assourdissante.

Mes expériences dans le jardin étaient couronnées de succès mais faire péter des pétards à vide n’a rien de follement excitant et c’est en faisant exploser un pot de fleur de dimension honorable et en entendant le chat du voisin feuler qu’une idée de génie naquit.

Je m’approchais du félin miniature, le caressais pour avoir sa confiance et au moment même où un doux ronronnement se faisait entendre je lui enfournais un pétard Mammouth déjà allumé dans le rectum.

L’animal surpris se mit à courir frénétiquement et l’explosion se produisit peu de temps après. Le chat était en train de sauter d’un arbre à un autre lorsqu’il explosa en plein vol avant de retomber en plusieurs morceaux dans un petit bassin d’eau froide dans lequel batifolaient plusieurs poissons rouges.

J’ai pu vérifié l’exactitude du proverbe « chat échaudés craint l’eau froide » et je suis à ce jour l’un des seuls à pouvoir me vanter d’avoir exploser des chattes à un age très précoce.



2 Col du fémur

Je devais avoir 20 ans à peu de chose près lorsque je me mis à sympathiser avec mon voisin de palier, un jeune chirurgien plein d’avenir.

Nous discutions de choses et d’autres et en particulier de son fascinant métier, j’ai appris pendant cette période là énormément de choses et en particulier que mon nouvel ami était payé à l’acte opératoire.

Plus il opérait, plus il était rémunéré. Un peu comme un croque-mort rêve de Tsunami, lui rêvait de chute, d’accident, voire de tumeurs malignes.

Après des négociations serrées nous somme parvenu à un accord et les prix furent fixés.
Je devais donc alimenter sa clinique et être rémunéré en retour avec des barèmes tarifaires pré-établis.

Je me spécialisais dans la chute de grabataires avec option « col du fémur ».

La clinique dans laquelle oeuvrait mon ami était à 800 mètres d’un hospice de vieux, c’était une chance car les transports coûtaient très chers même à l’époque.
Comme la livraison était à ma charge, j’ai été obligé d’acheter une brouette à bras pour effectuer les dépôts de vieux aux heures ouvrables de l’établissement.

J’ai donc pendant une année entière fait tomber des anciens, je suis devenu petit à petit un expert de la bousculade, du croche-pied et de la tape dans le dos.

Je faisais chuter anonymement par derrière et je chargeais la marchandise périmée dans ma brouette de compétition pour aller livrer la clinique.

Bien sur, j’ai eu quelques échecs, 5 décès en un an de travail, ce qui fait peu en pourcentage, je vous l’assure.

Je me souviens de la chute accidentellement provoquée par mes bons soin d’une dame patronnesse de 84 ans dont la crâne a éclaté tel un abricot trop mur en heurtant violement l’ultime marche du perron de l’hospice après une pirouette digne d’une gymnaste Roumaine.


3 bon appétit

J’ai eu la chance d’avoir deux enfants femelles ; les deux sont nées à peu près à terme,
mais étant un être très sensible, j’ai préféré ne pas assister à l’accouchement, je restais donc dehors fumant clop sur clop en attendant le signal de l’infirmière « c’est bon, tout c’est bien passé, vous pouvez allez voir la chose… ».

Pour le premier accouchement, je n’ai rien pu récupérer, c’est un des regrets de ma triste vie. Pour le suivant par contre, l’infirmière sans doute zélée m’a appelé le travail tout juste terminé et j’ai assisté au nettoyage d’après bébé, c'est-à-dire le moment où la sage femme d’un geste plein de délicatesse retire et jette le placenta et quelques litres de sang dans une poubelle grand format à double paroi plastifiée et renforcée.

Dans sa précipitation la reine de l’expulsion a envoyé le cordon ombilical fraîchement tranché dans la poubelle, mais celui-ci s’est retrouvé en équilibre instable sur le rebord de la poubelle.

Avec la technique d’un voleur de Malabar dans une épicerie de quartier, j’ai réussi a subtiliser le bout de viande et a le glisser dans la poste de ma veste.

Après avoir félicité la mère, tapoté le cul du bébé je suis rentré chez moi, j’ai sorti un livre de cuisine et c’est en lisant la recette des calamars fritis que l’idée m’est venue de tester cette recette avec le cordon ombilical.

Une fois la viande lavée, coupée en tranche de bonne épaisseur , écrasée avec un battoir de lavandière, farinée à souhait vous obtenez un amuse gueule des plus délicieux.

Les puristes éviteront de rajouter le filet de citron qui dénature par trop le coup exceptionnel de ce morceau de choix.


4 Les rasoirs Ginette.

Les enfants sont méchants parfois et en quatrième, classe de mes plus grands délires j’étais redoutable.

Je me souviens d’une prof de math remplaçante qui en a fait les frais, une certaine Ginette.

Plutôt sympa, la quarantaine tourmentée, ayant une très haute opinion de sa mission professorale, Ginette avait la particularité de suer d’une manière excessive et d’avoir les jambes velues.

A chaque fois qu’elle levait un bras pour pointer une difficulté au tableau nous aurions pu faire des exercices de trigonométrie appliquée en calculant la circonférence de l’auréole que la sueur dessinait sur son chemisier blanc.

C’était très drôle, les railleries étaient quotidiennes, les chuchotements permanents mais sa force de caractère alliée à l’arrivée des vacances de fin d’année réussirent à lui faire terminer l’année sans trop de dommages.

J’ai eu l’idée géniale de faire cotiser la classe pour offrir à Ginette un cadeau de fin d’année. A raison de 5 Francs par personne l’opération me laissait à l’époque un joli bénéfice, après avoir acheté pour offrir et empaqueté moi-même un désodorisant Narta et un paquet de rasoirs jetables Gillette.

La veille des vacances scolaires, à la fin des cours, je me levais et pris la parole au nom de toute la classe en expliquant à Ginette que nous tenions à nous excuser de notre comportement pendant ses cours et qu’elle devait voir dans ce somptueux cadeau un gage de bonne volonté de notre part pour repartir sur de bonnes bases une fois les vacances terminées.

Ginette émue aux larmes ouvrit le paquet et se précipita dehors rouge de honte sans un mot les épaules secouées par des spasmes nerveux sous l’hilarité générale d’une classe en furie.

Une remplaçante de la remplaçante nous fut fournit pour le début d’année et nous ne revirent jamais Ginette.

5 Le pet qui tue.

Je crois me souvenir que cette anecdote s’est produite alors que je devais être en Terminale.

Mon meilleur ami souffrait d’une timidité maladive alors que j’avais un aplomb à toute épreuve, nous formons à l’époque une sorte de duo, nous étions inséparable et le qualificatif de « Laurel et Hardy Bachotant » aurait été bien trouvé.

Vincent, mon copain était un grand machin boutonneux, légèrement bègue dont la coloration passait d’un blanc laiteux à un rouge carmin à chaque interrogation au tableau.

Notre collaboration était assez fructueuse, il m’aidait en Math, je le déniaisais en Français, il était mon garde du corps et de mon coté je calmais les moqueries naissantes des autres acolytes scolarisés à son égard.

Un jour après avoir reprit par deux fois du Cassoulet cantinier, toujours l’un à coté de l’autre en cours de Philo mon ventre se mit à gargouiller furieusement prémices certain d’un gaz intestinal sonore à venir.

Pendant que toute la classe réfléchissait en silence à la problématique « science conscience » mon anus se dilata laissant échapper un pet tonitruant dont la sonorité ne laissait aucun doute quant à la provenance.

Me retournant en une nanoseconde vers mon copain je me mit à hurler en prenant un air outré « Vincent ! Putain, tu crains sans déconner ça se fait pas t’es vraiment crade en plus ça chlingue… »

Explosion de rire dans la classe, bafouillage confus de la part d’un Vincent cramoisi secoué de tics nerveux et sourire narquois difficilement dissimulé de mon coté en pensant à la farce cruelle que je venais de réussir.

Vincent finit l’année scolaire seul au fond de la classe et mes notes en Math subirent une légère décrue.


6 Bombes à N…..


Avant d’être un affreux bouseux, j’étais un Parisien pur et dur et je travaillais dans le quartier de l’Opéra au dernier étage d’un immeuble Haussmannien.

Les contractuelles comme d’autres professionnelles plus conciliantes arpentaient le trottoir
à la recherche d’un client à verbaliser et je pus constater du haut de mon perchoir qu’elles
passaient toujours à la même heure, deux fois le matin et deux fois l’après midi.

Le passage des deux pervenches était aussi régulier et précis que celui de la petite aiguille d’un métronome, 9h21 et 11h27 le matin et 14h52 et 16h19 l’après midi.

C’était impressionnant de rectitude et cela aida grandement à la mise au point de mon futur plan Machiavélique. C’est par pur jeu et non par rébellion anti-Républicaine que je décidais de confectionner un petit pliage communément appelé « Bombe à eau ».

La perfidie naturelle qui était mienne à l’époque me fit changer le contenu. Ayant rempli la bombe de Nuttela, je me tenais prêt à lâcher le projectile et ricanais intérieurement à la manière d’un pigeon diarrhéique.

Le premier essai fut un échec, je lançais la bombe à N bien trop loin et le projectile de 9h21 vient s’écraser sur un caniche nain sortant du toilettage.

La deuxième tentative, celle de 11h27 aurait pu réussir mais j’avais oublié que pendant que la bombe chutait, la contractuelle avançait, l’explosion eut lieu après leur passage.

Le troisième tir frisait la perfection, à 14h52 les pervenches avaient repérés un véhicule en double stationnement et s’étaient arrêtées, la bombe explosa trois mètres devant elles.

C’est à 16h19 que mes efforts furent couronnés de succès, l’explosion origamique chocolatée se produisit à quelques centimètres des deux femmes de loi et j’eus la joie de les voir couverte de chocolat de la tête aux pieds.

Les deux contractuelles se mirent alors à courir comme deux folles en direction du commissariat le plus proche en hurlant à la cantonade « Doff, Doff …, vient nous lécher ».


7 Imprécation.

Vous avez remarqué que le statut social change l’homme, une barrette en plus sur l’uniforme, une distinction récente ou un changement de statut professionnel et voilà que l’homme change, oublie d’où il vient redresse le torse et snobe s’en vergogne ses anciens camarades de labeur.

C’est ce qui se produit au boulot en ce moment, je travaille en usine en 2x8 et mon ex « chef d’équipe » vient de passer « directeur de production ».

Avant sa promotion, ce gars était plutôt sympa et ouvert, mais depuis qu’il a changé de titre et de fonction une mutation comportementale est intervenue.

Les « Salut, mon gars « ont fait place aux « Bonjour Monsieur », on ne peux plus lui dire « Tu » mais obligation nous est faite de dire « Vous », sa morgue et sa suffisance à notre égard n’ont d’égal que son inaptitude et son inefficience au poste.

Il était temps pour moi de réagir et de remettre certaines choses au point, c’est ce que je fais en ce moment en publiant de petits pamphlets dans les toilettes de l’entreprise.

J’affiche dans les toilettes de l’usine de petites phrases assassines du style.

« Mr X, combien de temps avant que la direction ne s’aperçoive de son erreur en vous nommant directeur de production ?? »

« Si vous saviez Mr X, ce que pense la majorité des ouvriers de votre suffisance, vous vous remettriez certainement en cause … »

« Mr X, le pneu arrière droit de votre véhicule risque d’être crevé sous peu… »

J’en suis à 5 missives de ce style en essayant d’améliorer à chaque fois le style et la portée de mes mots doux.

L’affaire commence à faire grand bruit, tout le monde est au courant et chaque Lundi il y a foule à aller aux toilettes, le jour de publication est connu de tous même de l’intéressé.

Je m’amuse comme un fou et prends part aux débats du mieux que je peux.

J’ai remarqué que depuis quelques temps, les épaules de Mr X semblent se voûter de plus en plus, on le voit de moins en moins dans l’atelier, il reste calfeutré dans son bureau directorial les yeux fatigués, l’air inquiet et absent.

Je continue bien sur à publier et d’autres pourraient bientôt en faire les frais, juste pour le fun, ça me détend vraiment de mettre le bordel dans l’usine, je trouve que ça agrémente mes dures journées de travail et que l’ambiance délétère qui commence à poindre est des plus enthousiasmante.



Voilà, mon forfait est accompli, si vous coulez bien me dire ce que vous en pensez, ce serait sympa.

Des fautes seront relevées certainement dans cet essai, c’est mon gros point faible, je m’en excuse par avance.

Noel.

Nol