Destination : 160 , Monfils ma bataille


Conte très cruel

Dame Souricette cherchait à se loger. Un malencontreux changement de propriétaire l'avait obligé à déménager pour ne pas s'exposer aux griffes acérées toutes nouvellement installées.

« Au diable les félins, pensa-t-elle en déambulant dans un grenier. Je voudrais tant trouver une maison accueillante, chaleureuse et généreuse. »



Elle trottinait toujours, quand soudain, elle entendit sous le plancher des lamentations à n'en plus finir. Curieuse, elle descendit par un trou fortuit dans le mur et parvint ainsi sous le plancher d'une chambre. Pas de doutes : les plaintes venaient bien de cette pièce. Un nœud de latte évidé lui permit de passer le bout de son museau, puis le corps tout entier. Un lit immense se dressait devant elle et, sur celui-ci, un vieil homme. Ses récriminations semblaient venir de sa position plus qu'inconfortable. En effet, ses pieds étaient relevés à l'extrême et son buste tout autant, le laissant cassé en deux sans possibilités de bouger. Il ne cessait de soupirer et de bougonner « Maudite télécommande » à tous bouts de champs.



Regardant autour d'elle, Dame Souricette vit sur le sol un boîtier qui devait être l'objet tant décrié. Elle s'en approcha. Son mouvement attira l'attention du vieil homme et bien qu'il ne put faire aucun mouvement, il eut un léger sursaut de surprise. Plantée sur son derrière, Dame Souricette ne savait que faire.

« S'il te plait, aide-moi, demanda alors l'infortuné aïeul. Appuie sur le bouton rouge. Je ne te ferai aucun mal par la suite, bien au contraire. Je suis si seul. Tu pourrais devenir mon animal de compagnie et ainsi tu ne manquerais de rien, je t'en fais la promesse. »



Bien qu'hésitante, Dame Souricette n'eut pas le cœur à refuser. D'un bond, elle sauta sur ledit bouton et s'y maintint. Dans un doux ronronnement électrique, le lit se déplia pour reprendre sa forme habituelle. Enfin délivré, le vieil homme put se lever dans un grand renfort de soupirs et d'exclamations diverses. Tenant sa parole, il devint, de cet instant, le protecteur de Dame Souricette et leur vie à tous deux s'écoula, pleine d'une heureuse complicité.



« Et la cruauté ? » me direz-vous. Elle tient à l'insipidité de cette histoire.............. car quoi de plus sadique que de vous présenter un conte cruel qui n'en est pas un. Ma perfidie va même jusqu'à ignorer toutes les possibilités permettant de faire évoluer la trame dans ce sens. Si j'ai pu vous amener à vous sentir « roulé », je suis payée pour mon labeur car j'aurais alors fait naître la hargne tant espérée.

« Quel intérêt ? » Aucun, sinon celui de vous divertir par une pirouette. La férocité régnante de notre quotidien me donne envie, dans ce conte, de passer outre certaines rencontres, comme celle de Dame Souricette avec une tapette.

Je m'en tiens donc à du léger, tel que demandé. Et si mes lecteurs sont frustrés, cerise sur le gâteau, mon pari est gagné....



LYDIE F