Destination : 1 , De toutes les couleurs !


Blanc

Un simple coup de téléphone… Quelques mots sans équivoque, un long
trajet en voiture et mon coeur qui bat très fort en entrant à l’hôpital…



Je murmure ton nom à l’entrée, et la jeune fille, me dit : « Vite,
Madame, il est mourant »



J’avance vite, j’ai peur, j’entre dans la chambre…



Un linceul blanc te recouvre, totalement, un blanc immaculé qui me broie
le cœur : tu es mort.



Mort tout de blanc couvert, mort tout en blanc…



Ton visage aussi est blanc lui aussi, transparent, blanc comme jamais.



Je te regarde, je m’assieds près de toi, je ne peux pas pleurer, je veux
encore te parler, comme toujours, comme avant.



Ce blanc me hante.



Tu le sais, mon chéri, j’ai toujours aimé le blanc.



Le blanc discret des perce-neige qui pointent la tête, les premiers
jours du printemps, que nous découvrions ensemble, la main dans la main,
dans notre jardin.



Tu me disais : « Regardes, le printemps t’offre ce blanc pour toi, rien
que pour toi », et chaque année je souriais d’entendre cette même
phrase.



Et l’hiver tu disais : « Dame saison se pare de cette blancheur pour ton
bonheur et ton plaisir »



Là encore je souriais et serrais très fort ta main.



Te souviens-tu de la première layette du petit, elle était blanche,
toute blanche et pour tenter de me justifier, je disais :



« C’est normal de tout faire en blanc, puisque nous ne savons pas si ce
sera une fille ou un garçon », et tu souriais encore.



Et le premier bouquet que tu m’as apporté pour fêter la naissance de
notre fils, c’était des roses blanches, blanches comme je les aime.



Je crois bien que jamais tu ne m’aies offert un bouquet qui ne soit pas
blanc.



A notre mariage, tu avais passé le message, et toutes les fleurs que
nous avons reçues étaient blanches…



Tu disais en souriant : « Ma femme a des manies, et on ne discute pas
les manies des femmes », et moi, je souriais.



J’aimais le blanc, et toi, parce que tu m’aimais, tu disais que tu
aimais le blanc.



Et te voilà mon chéri, sous ce linceul blanc, tu ne souris plus, et je
ne souris pas.



Je ne sais pas si je vais continuer à aimer le blanc…



Le blanc, c’était pour moi la couleur de la vie, de la joie, de notre
complicité, et celle de tes sourires.



Aujourd’hui c’est couvert de blanc que tu me quittes, que tu me laisses,
que tu m’abandonnes…



Mon chéri, le blanc sera notre couleur, notre secret, notre souvenir.



Le blanc sera à jamais pour moi la couleur de ton amour, le souvenir de
toi.



Oui mon amour, je vais continuer à aimer le blanc, parce jamais je ne
cesserai de t’aimer.



Le blanc restera dans ma vie, mais ton sourire, lui, me manquera pour
toujours.

Suzy