Destination : 169 , Ailleurs, c'est ici


Eternel Retour...







Cette terre, la presqu'ile du Nord Cotentin, m'a accueillie il y a quelques années. Depuis, elle m'a adoptée, nourrie, enrichie, et surtout apaisée.



Mes racines paternelles sont bas normandes depuis la nuit des temps... Ce fut donc un retour au sources, un retour au bercail.

Nos choix de vie nous réservent parfois d'imprévisibles lendemains.



Pour lui rendre hommage, c'est à mon village que j'ai donné la parole.





"Un des plus beaux villages de France" qu'ils disent de moi ! Je m'en serais bien passé de cette appellation contrôlée !



Une presque ile, c'est comme une ile, sauf qu'on n'en fait pas le tour, alors ça rend fier, indépendant, méfiant, sauvage à l'image de notre terre, et forcément ça donne envie de se protéger. Alors promouvoir le patrimoine soit disant d'exception, çà ne m'intéresse pas...



363 habitants...

Mais bon, ça va, ça vient, ça meurt surtout. Et quand ça meurt, les enfants, venir ici, entre terre et mer, falaises et dunes, landes et chemins de douaniers, ça ne les attire pas trop. Alors, ils vendent. Et moi, avec.



Pourtant nos maisons, comme elles sont belles ! Pour la plupart en granit bleu de Carolles (la plage "bourgeoise", dans le sud) aux murs bien épais, bordées d'hortensias, volets bleus ou blancs, un peu comme chez nos "amis" bretons, ceux-là même qui pendant des siècles ont fait croire au Monde, que notre Mont, classé au patrimoine de l'UNESCO, leur appartenait ! Saint Michel, tout là haut, en a terrassé son dragon de dépit, c'est dire !



Ah..., pour les touristes, il y a bien le surf et le parapente, mais c'est surtout pour se faire peur qu'ils viennent, pas pour admirer le paysage !

Pourtant, il leur suffirait de fouler les dunes de Biville ou le chemin qui mène au Nez de Jobourg, et des sensations fortes, ils en auraient tout autant; et gratuitement...

Et pour longtemps.



Windsurfers qu'ils se disent...!



Les dunes de Biville... Comment vous dire l'émotion intense que l'on ressent ici : imaginez entre terre et mer, la lune à perte de vue, oui je dis bien "la lune", protégée par des oyats, quelques mares, des bancs de sable... Le silence, le recueillement.



Comme une fin d'un monde qui n'en finirait pas de continuer d'exister.



Qui sait qu'ici, on bat des records fabuleux ? Comme les plus hautes falaises d'Europe...



Que nos racines sont vikings ? Que Prévert repose dans le village d'à côté, et que tous les soirs, c'est ici et nulle part ailleurs, que le soleil s'endort ?



La Crecque, ce sont des kilomètres de sable. Alors qu'est-ce qu'ils ont tous à aller à la Baule où pire à la Grande Motte, où ils s'entassent comme des sardines sous prétexte qu'il y a plus de soleil qu'ici ? Bon oui, c'est vrai..., mais le soleil ça pourrit le corps alors que la beauté des lieux, ca nourrit le cœur et l'âme.



Ici, la nature est exubérante, le spectacle contrasté est fait d'ombres et de lumière, de couleurs, d'odeurs. Chaque regard esquissé est un autre paysage.

Ici la mer pétrit les roches et lèche le sable; le vent parfois, étourdit jusqu'à dit-on "arracher les ailes des papillons".



"Les Horsains", qu'on les appelait autrefois, ceux qui venait d'ailleurs...! On n'ose plus maintenant, car il faut bien l'avouer, les touristes, même rares, ça fait marcher le commerce...



Tout ici est protégé : le courlis et la fauvette (sans oublier notre pipit farlouse), et puis aussi le jonc capité, la romulée et le scirpe, et même les batraciens ! Et puis et bien sûr, LE village, les dunes, les mielles, le calvaire et les pierres pouquelées.



Le jardin botanique, et surtout la palmeraie (la plus grande d'Europe du nord !) est classé "jardin remarquable"..., et comme si cette appellation affligeante n'était pas suffisante, on ajoute dans les guides, que l'on jouit à l'intérieur, d'une ambiance tropicale unique... J'en pleurerais.



Ah...j'oubliais, on nous taxe aussi de Petite Irlande... Et pourquoi c'est jamais l'inverse ? Pourquoi ce ne serait pas l'Irlande qui nous ressemblerait ?



Cela dit, quant on parle de Nous, c'est mauvais signe, c'est que Les Verts ou pire "paix verte" sont dans le coin... Mais si on ne l'avait pas cette fameuse usine de Flamanville, on vivrait de quoi ? Des vaches ? Des pommes ? Des carottes ? Des huitres ?



Oui, y a un réacteur bien caché dans la falaise de Dielette, et alors ? Nous, ici, on n'a jamais été contre, au moins on travaille dignement, on ne doit rien à personne et surtout pas à Paul Emploi.



Voilà... Le jour baisse, les ciaux* commencent à s'assombrir, ceux-là même qui n'en finissent pas de disparaitre ou de résister, c'est selon.



Car ici, la terre, on ne la travaille pas dans un système, on "la travaille dans sa vie".



*champs



Et si vous voulez aller plus loin...:



-"Paul dans sa vie", film de Rémi Mauger réalisé avec le soutien de la Communauté de communes de la Hague,



-"Les Déferlantes" de Claudie Gallay,



-Jules Barbey d'Aurevilly.



Et pour les amateurs de peintures régionalistes : Jean-François Millet.



MARTINE V.