Destination : 12 , Affligeantes banalités!


Vide ton sac

- Ah, je croyais que tu n'allais pas venir.

- Excuse-moi, j'ai loupé mon bus et le temps d'attendre le second, j'aurais du t'appeler mais je ne pensais pas être si en retard.

- T'inquiètes. J'ai déjà pris un café, on s'en recommande deux ?

- Oh que oui, ça me fera du bien. tu verrais la journée que j'ai passé....tous des cons au boulot aujourd'hui. Je pense qu'il s'était donné le mot.

- Il y a des jours où l'espèce humaine est très difficile à supporter, ça doit être cette pollution que l'on respire, ça nous grise nos neurones et nos cellules de politesse.

- Je ferais mieux d'aller en campagne alors... et toi, ta maison avance ?

- M'en parle pas, on paie des mille et des cents ces artisans, et quand on vient inspecter leur travail, ce qui est tout à fait normale de la part des propriétaires, on les retrouve assis en plein milieu de la pièce en train de rigoler, de s'enquiller des bières..... il y a tellement de chômage aujourd'hui que j'ai honte pour eux de voir ça. Quand je leur ai dit que je figeais leur salaire, je te prie de croire qu'ils étaient déjà en train de mettre leur enduis.....

- Voici vos cafés Mesdames.

- Merci.

- Tu penses emménager quand du coup ?

- Oh, fin de l'été je crois. Mon bail actuel finit fin juillet, temps de faire quelques travaux encore et je pense qu'on va s'y installer courant août.

- Ok, retiens-moi au courant pour le déménagement, que je te prête mes doigts de fée.

- C'est gentil. Dis-moi, quelles nouvelles dans ta vie ? N'es-tu pas encore tombée sur le prince charmant dans l'ascenseur ou sur le terrain ?

- Pfff, tu parles, une trahison que j'ai vécue. J'ai du mal à m'en remettre, me faire ça alors que je suis seule dans ma vie, le Sahara... je n’avais vraiment pas besoin de ça. Je me sens démunie, flasque, je n'ai même pu le courage de réagir ou de me battre pour le récupérer, je ne sais pas quoi faire....il était si attentionné avec moi, il n'avait d'yeux que pour moi, ses gestes étaient tendres, chauds, réconfortants.... J'aimais me balader avec lui, profiter du soleil au parc, lui racontait ma vie, sortir un peu quoi, je l'avais rencontré au hasard et était tombée sous le charme en quelques secondes. On ne s'est plus quittés pendant des jours, j'avais même prétexté une grippe au travail pour rallonger mes journées avec lui, si c'est pour te dire, je ne l'avais jamais fait avant. Il s'est installé chez moi, il y est encore même aujourd'hui. Mais ce n'est plus pareil. Je vois qu'il y a quelque chose qui n'est plus. Ses yeux n'ont plus la même flamme, il ne réagit plus à mes caresses comme avant. Il partage encore mon lit, mais pour quelle raison exactement ? Je ne peux pas le renvoyer chez lui, il était si malheureux avant d'après ce qu'il m'a fait comprendre. Mais je ne suis pas la mère Térésa. Je ne vais pas construire ma vie sur un mensonge, un manque de sentiment, de la charité ou de la pitié. J'en ai assez bavé je crois.... C'est à cause de l'autre de toute façon, je n'aurais jamais du l'inviter chez moi, regarde le résultat. Lorsqu'ils se sont rencontrés, j'ai vu tout de suite cette bonne entente, j'aurais dû m'en douter....ils ont passé leur soirée rien qu'à deux, je n'existais même plus...je ne faisais que le serveur, je les déteste. ils ont qu'à faire leur vie à deux, j'en ai rien à foutre. J'en trouverais un autre, qui m'aimera moi, qui comprendra mon besoin d'échanges sincères, d'amour, de fidélité surtout. Là, il m'a trahit, c'en est trop. une femme trahit peut-être très dangereuse. C'est décodé, je vais rentrer, je vais lui dire ses quatre vérités, je lui demanderait de choisir, au cas où, et s'il ne me veut plus, crois-moi que ses affaires seront préparées en moins de deux et que j'appellerais l'autre pour lui dire que c'est bon, j'ai perdu la bataille, je flanche j'abandonne..... peut-être que plus tard, ma douleur s'affaiblira, que j'en rirais et qui sait, qu'on pourra dîner tous les quatre, eux et moi et mon nouvel ami...qui sait......j'en sais rien, si je suis assez forte.....si j'en suis capable......si je sais faire la part des choses....

- Mais enfin de qui tu parles, je ne comprends rien, tu n'as personne dans ta vie.....

- Filou, mon chien que j'ai trouvé au parc.....t’écoute quand je te parle des fois ? Que c'est agaçant....

MAGUI