Destination : 175 , Cher atelier


REVIENS !

C'est en regardant une photo de moi, prise subrepticement, que j'ai découvert que tu m'avais quittée.

Je n'avais rien remarqué, je ne m'étais douté de rien.

Ta disparition a éclaté en coup de poing d'orage dans ma tête.



Depuis combien de temps m'as-tu abandonnée, toi mon ami discret, vaillant, généreux ?

Toi que je croyais fidèle ?



Je suis abasourdie.



Je te pensais toujours lové dans mon coeur, pétillant dans mon regard, chaleureux dans ma poignée de main, compatissant dans mes silences.



Mais qu'est-ce qui t'as fait fuir ?

Ai-je tellement changée ? Je me plante devant mon miroir. Je veux comprendre, je veux te retrouver.

Oui, c'est vrai, je vois sans complaisance un visage vieillissant lentement, sournoisement.

Mais justement, c'est bien à présent que j'ai besoin de toi !

Il me semble qu'avec ta lumière tu gommerais quelques rides, celles de la crainte et de l'angoisse, de la mélancolie, du sérieux et du pompeux, rides de la fatigue douloureuse, du sommeil hanté.



On sonne à la porte d'entrée. Je ne vais pas faire semblant de ne pas y être.

Je vais ouvrir avec confiance au facteur ou à l'agent de la compagnie des eaux, ou à la vieille, vieille voisine, ou à un démarcheur indésirable ou au destin sans tambour ni trompette et ce sera formidable ! car, je le sais, tu te dessineras de nouveau sur mon visage, toi, mon sourire.



Fin

Evelyne W