Destination : 202 , Où est Charlie


Charlie à la Prévert

A l'enterrement d'un gai journal

Deux saligauds voulaient trouver régal

Ils ont la cervelle creuse

Du mou dans les valseuses

Ils s’en vont au matin

Des flingues entre les mains

Hélas quand ils arrivent

Les amis sont tous réunis

Les crayons sont affutés

Et le journal est quasi prêt

Mais les deux saligauds

Sont bien décérébrés

Et le soleil n’a pas le temps

De les faire asseoir un instant

Prenez, prenez la peine

La peine de réfléchir

Prenez des feutres, des crayons,

Si le cœur vous en dit

Prenez si ça vous plait

Un bloc, tracez un trait

Vous verrez, ça n’est rien

Vous ferez juste un dessin

C’est de l’encre sur du papier

Pas de quoi s’enflammer

Mais ne prenez pas vos armes

C’est moi qui vous le dit

Ça noircit tout un pays

Et puis ça enlaidit

Les histoires de cercueils

C’est triste et pas joli

Reprenez vos couleurs

Les couleurs de la vie

Non, le soleil n’a pas le temps

De les faire asseoir un instant

Les tirs sont puissants

Et font couler le sang

Marée d’encre rouge

Plus rien ne bouge

Les deux cagoules

Lâches, fuient dans la foule

Alors tous les humains

Grands et petits

Se mettent à chanter

À chanter à tue-tête

La vraie chanson vivante

La chanson de Charlie

Et tout le monde de défiler

Tout le monde de pleurer

C’est un bien triste soir

Un triste mois de janvier

Et les deux saligauds

S’en retournent à la terre

Ils s’en vont sans avoir compris

Le sens de la vie

Comme les amis sont partis

Tous les humains se lèvent

Pour s’occuper de Charlie

Ils achètent des crayons

Et des cahiers de brouillon

Des milliers de crayons

Et du papier en bataillons

Comme ils sont dans la peine

Les dessins tremblent un p’tit peu

Mais là-haut dans le ciel

Les amis veillent sur eux

Mais là-haut dans le ciel

Les rires sont éternels

griotte