Destination : 207 , Au sud la frontière, à l'ouest de nulle part


dest. 207: Au sud de la frontière, à l'ouest de nulle part - Quelques heures avant

Destination 207 : Au sud de la frontière, à l’ouest de nulle part…





Déjà, le mot « frontière » m'arrête. Quelle frontière ? Un instant, je ferme les yeux, il n'en faut pas plus pour que les images affluent telles un torrent dévastateur.

Quelques heures et quelques kilomètres avant la frontière.



Lundi matin : 

Nous étions assis face à face, à la cuisine devant le café du matin. C'était presque l'été, c'était presque les vacances. Je devais encore me rendre à un colloque, de l'autre côté de la frontière. Je le lui rappelai. Je vis ses mâchoires se crisper. Je lui rappelai néanmoins que nous en avions déjà parlé et que ce séjour serait de courte durée.



Lundi, 1 heure plus tard.

Je préparais mes bagages. Je savais qu'en partant vers 11 heures, j'aurais le temps de m'installer et de revoir mon exposé. Je stressais un peu, car c'était une première. J'allais parler devant plus de trois cents personnes.

Il vint vers moi et me dit que je devais partir immédiatement et passer par mon bureau, « histoire que mes frais de déplacements soient pris en charge ». Intérieurement, je bouillais car je trouvais qu'il n'avait pas à s'immiscer dans mon travail. De plus, mes frais de déplacements pour ce colloque étaient pris en charge par les organisateurs. Je n'avais donc pas à tricher de quelle que manière que ce soit.

Je tentai, avec le plus grand calme de lui expliquer. Ce ne fut pas à son goût. Il commença à vitupérer. Je le priai de quitter ma chambre.



Lundi, 2 heures plus tard.

Il revint à la charge : sur le sujet en question, sur ma personnalité, sur… Il s'emballa, il déballa. Compara l'incomparable. Ses paroles dépassaient ce que je pouvais encore entendre. Sa main se leva, menaçante.

Je n'en pouvais plus, cela faisait des mois que ses crises cycliques me dévastaient, me détruisaient.

Excédée, à bout d'arguments pacifiques et pacificateurs, je lui dis:

«  Je suis ignoble, soit. Alors, je ne comprends pas comment un homme aussi intelligent et aussi irréprochable que toi ait pu éprouver quelque noble sentiment envers moi . Je ne vois pas pourquoi je continuerais ma vie avec toi. Restons-en là. Je te quitte. »

Je pris ma valise . Je claquai la porte et partis.



Mercredi 17 heures.

J'étais au volant de ma voiture. Je repensais au colloque qui avait été une réussite. Je traversai la frontière et rentrai à la maison. Personne. Je relevai le courrier, écoutai les messages sur le répondeur, ouvris mon ordinateur. Je repris mon travail là où je l'avais laissé. Les heures passèrent. La nuit. Bruit de moteur, portes qui claquent, de chaises qui dansent....J'avais compris...



Jeudi  matin:

Je partis au travail

Jeudi 18 heures :

Je rentrai du travail, fatiguée et angoissée. Il m'attendait sur le seuil de la porte d'entrée, tout sourire et me dit :

- Je t'emmène au restaurant ce soir.

- Tu n'as vraiment pas compris. Tu as dépassé les bornes. Je te quitte.

Puis je me calfeutrai dans un mutisme absolu.



Vendredi 8 heures,

Je partis au travail, en emportant discrètement un bagage.

Vendredi midi :

Je déjeunai avec ma copine qui s'apprêtait à déménager pour sa nouvelle maison. Je visitai son appartement et décidai avec elle de continuer de son bail avec l'aval de son propriétaire.



Vendredi 17 heures :

Je roulais en destination de la mer. J'avais trouvé en hôtel coquet pour ce long week-end. Les longues balades seraient propices à la réflexion et aux décisions ultimes.



Mardi 9 heures du matin.

Je téléphone à mon notaire et à mon avocat.



Kilomètre 0. Heure : 00:00



© Danielle M





































Danielle M