Destination : 210 , Rentrissime


dest. 201: Nouveau départ - Je ne voudrais pas

Nouveau départ



Je ne voudrais certes pas vous écrire un remake d' « une année en Provence » de Peter Mayle...Et pourtant, ma vie lui ressemble drôlement. Non pas à Peter, mais à ses découvertes.



De la Provence et du Midi, j'en connaissais ce que tout touriste maîtrise à la perfection.

J'épargne pendant une année : pour le trajet, pour la location, pour les menus frais.

Je râle chaque jour de pluie en regardant le ciel en me disant qu'au sud, il y a du soleil

Je boulote, je navetter et je « dodote » en attendant « la » date du départ.



Et puis, enfin sur place, je profite de chaque minute de soleil, quitte à opter pour la version écrevisse !

Je flâne tous les jours de la semaine sur tous les marchés provençaux, humant savonnettes et sachets de lavandes.

Je sirote un rosé bien frais sur une terrasse ensoleillée,

Je fais la fête jusqu'à pas d'heure en parlant très fort et surtout en riant aux éclats !

Je zappe les temps de sieste pour pisciner ou découvrir en long et en large les sites merveilleux…



Et pour réaliser mon rêve, je gare ma voiture un peu n'importe où, peu importe. Je traverse les rues d'un pas hésitant entre gauche et droite, avant ou arrière, le nez en l'air. J'immortalise sans scrupules gens et maisons. J'entre dans les boutiques sans même saluer, les yeux derrière l'anonymat de mes vastes hublots solaires…



Caricatural ? A peine…..



Un jour enfin, l'alternance travail-vacances me conduisit au seuil de la retraite. Le temps des choix...vivre les traumatismes rhumatismaux sous la pluie ou les oublier sous le soleil méditerranéen ?



Je n'avais pas eu le temps de résoudre ce problème lorsque je succombai à un coup de foudre. Et quel coup de foudre ! Un qui allait me propulser en Provence en tant qu'amoureuse, et, d'une pierre deux coups, en tant que résidente et immigrée climatique !



Il m'a fallu apprendre, et cela prend du temps….

- apprendre à laisser les terrasses ensoleillées aux touristes et profiter de la fraîcheur d'un petit bistrot coincé dans une ruelle ;

- apprendre à faire la sieste quand le soleil est appelé cagnard, et reprendre mes activités à la fraîche,

- apprendre à faire la lessive quand le vent n'est pas de la partie,

- apprendre que les cartes postales ont un revers avec les moustiques et autres bestioles,

- apprendre à choisir les plantes du jardin, en raison de leur besoin minimal d'eau,

- apprendre à laisser aux vacanciers les places de parking et les espaces animés des marchés,

- apprendre qu'il existe aussi un hiver rigoureux, un automne orageux et un printemps diluvien,

- apprendre que Mistral peut rendre fou ou presque…

- apprendre à écouter et comprendre les « locaux »

- apprendre à mesurer le temps avec un élastique,



Un nouveau départ, c'est ouvrir sa fenêtre et son cœur et se dire « j 'ai de la chance »



© Danielle





































 

Danielle M