Destination : 82 , Molière en rimes et en alexandrins


Le malade imaginaire (ou technique de drague approximative)

Perdu dans les méandres de sa literie,
Argan tousse, souffle, se lamente, il gémit !
La vie me fuit, coule de mes veines, qu’allez vous faire ?
Rester là, figée, muette comme une praire ?

Je souffre de mille maux, la gorge, les bronches
Tenez, vous n’avez qu’à regarder ma tronche !
Dix-huit jours d’insomnie, sans compter mercredi
Ou pas une seule seconde je me suis assoupi,
La peau de mes paupières a du se racornir,
Je ne connais même plus le sens du mot dormir.
Et mon nez l’avez-vous seulement observé ?
Le printemps qui arrive je n’ai pu le flairer,
Il se ratatine sur lui-même comme un timide
Lui d’habitude si beau, si fier, si intrépide !
Vous ne bougez pas ? Que faut-il que je vous dise !
J’ai tellement mal aux jambes ! Pitié qu’on me les brise !

Enfin vos larmes coulent, vous avez donc un cœur,
Serait-ce trop vous demander qu’un bain de vapeur ?
Agrémenté de quelques sels de lavande,
Cela pourrait sans nul doute soulager ma jambe.
Une musique douce jouée par trois musiciens,
A elle seule me rendrait le sommeil, c’est certain !
Quelques truffes et pleurotes autour d’une caille
Et je ne souffrirais plus de mes entrailles !

La fortune vous sourit, je ne suis pas ingrat
Si de cette liste de tâche, jusqu’au repas,
Vous vous acquittez, ne soyez pas tourmentée
Je saurais royalement vous récompenser :
Sur mes lèvres vous pourrez déposer un baiser.

Rosalie Scult