Destination : 134 , Chasse au trésor


LA PETITE BOITE TOUT AU FOND DU JARDIN

Pour les cinq ans de MATHIAS, sa grand-mère lui avait acheté une panoplie de parfait petit jardinier. Il y avait même en prime, dans l'emballage, un sac de graines. MATHIAS jubilait il allait enfin « élever » des fleurs. Sa maman avait immédiatement rectifié d'un ton docte : « On cultive les fleurs et on élève les animaux ». L'enfant avait haussé les épaules: « C'est pareil, on les fait grandir ».



MATHIAS était confié à sa grand-mère paternelle, sa mère travaillant au loin toute la semaine et ne revenant que le week-end. Pas d'homme à la maison. Le père et le grand-père de MATHIAS étaient morts. Pas en même temps heureusement, mais de la même façon nette et brutale.



Si la grand-mère de MATHIAS était fière de ses plates-bandes, parfaitement rectilignes et méticuleusement entretenues, lui vouait un amour indéfectible aux mauvaises herbes. Aussi c'était-il vu attribué un coin sauvage tout au fond du jardin.



« Avant de planter tu devras arracher les mauvaises herbes » « Pas question ! » avait répliqué l'enfant « elles sont trop jolies ». Son avenir de jardinier paraissait bien compromis. De toute façon, lorsqu'il serait grand il serait un géant. (Il prononçait zéant. L'orthophoniste avait réussi à remettre en forme quelques mots mais zéant résistait. Il convenait d'être patient. Cette profession de foi avait quelque peu étonné sa maman : à cinq ans un enfant est généralement fasciné par le loup ...)



Le printemps pointait son museau fleuri entre les branches des amandiers et des pruniers. Il était grand temps de semer. MATHIAS emporta fièrement tout au fond du jardin sa courte bêche rutilante et son sac de graines.

Mars, en bon copain, avait copieusement arrosé la terre. La bêche entrait sans difficulté dans la terre. Il déterra une vieille boite. Ouah ! Il était venu planter des graines et il découvrait un trésor !

La boite dévorée par les années et la rouille rechignait à s'ouvrir. Tenace, excité, MATHIAS réussit à soulever le couvercle. Quelle déception ! Pas la moindre pièce d'or! Juste des papiers pliés, des pétales de rose, une chaîne avec médaillon tout noir qu'il trouva moche et une photo. La photo d'un monsieur qu'il ne connaissait pas. Un monsieur très grand, en short qui souriait. Derrière lui, une montagne et le monsieur semblait aussi grand qu'elle.

Il décida, après mures réflexions, de montrer son trésor à sa grand-mère.



« Regarde ce que j'ai trouvé dans mon coin, tout au fond du jardin » dit fièrement MATHIAS à sa grand-mère. En voyant la vieille boite, la femme brusquement livide, chercha un siège puis sa voix : « Comme c'est intéressant mon chéri. Fais voir. Mon dieu ! Ce ne sont que des vieilles choses laides et sans importance. Va vite de laver les mains, les boites de métal pleines de terre peuvent donner de graves maladies. Je vais jeter cette cochonnerie à la poubelle et à la place je te donnerai une jolie boite de biscuit avec, sur le couvercle, une photo de chien rigolo ».



Tandis que THOMAS, sans méfiance, allait se laver les mains, sa grand-mère déchirait en menus morceaux lettres et photo, froissait les pétales de rose les réduisant en poussière et enfouissait dans la poche de son tablier la chaîne et le médaillon qui représentait les amoureux de PEYNET s'offrant un large coeur.



FIN

EVELYNE W