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Destination : 387 , Front'hier

« Ne me demande pas où je vais, je sais juste d’où je viens »

La Retirada qui s’en souvient, 1939 c’est si loin.

Ils arrivent par vagues de malheurs compacts

hagards, épuisés, affamés, sans vraiment d’espoir

Juste fuir le nouveau vainqueur qui massacre à tour de bras

ceux qui ont lutté pour la liberté.

Espagne, te reverront-ils ceux qui se pressent à la frontière ?

Ce fut d’abord le Pays Basque qui se vida de ses enfants

Et supplia la France de les accueillir

Puis Barcelone tomba sous la botte de Franco.

Ils furent 500.000 à s’entasser à la frontière des Pyrénées

Par pitié ! Ouvrez !

On ouvre, on ferme, on rouvre la frontière pour combien de temps ?

Combattants républicains vaincus tendant les armes aux douaniers

On les entasse dans des camps de fortune Argelès, Barcarès,

et les autres vous, souvenez-vous ?

La faim, la saleté, les épidémies,

Pour les civils, le malheur est aussi grand

On sépare les mères des enfants, on trie, on parque

On essaie de prendre le contrôle de l’incontrôlable marée

de l’effroyable marée des réfugiés.

Et l’hiver qui s’amuse à être impitoyable

Si on ne meurt pas de la faim on meurt du froid

Dans les baraquements improvisés.

Un poète espagnol est mort d’épuisement

à peine arrivé sur le sol français.

Ami, si tes pas te conduisent à Collioure

Dépose pour moi une rose

sur la tombe d’Antonio Machado.

EVELYNE W