Destination : 107 , Un pastiche, un !


Et oui, c’est de saison, le pastiche, avec des glaçons, de préférence. Tendez l’oreille, avec un petit effort vous entendrez les cigales, avec ci et là des chocs sonnants et trébuchants entre boules ponctués d’exclamations et applaudissements…

Mais que vous est-il donc proposé pour ce 107ème voyage ? Vous l’aurez compris, il s’agira d’écrire un texte « pastiche » (littéraire).
Le pastiche est aussi vieux que le monde et la littérature, et qui ne s’est pas amusé, petit, à détourner une poésie pour faire rire ses camarades ?
Le pastiche n’est pas une copie, ni une contrefaçon, ni même une parodie. Il ne s’agit pas de nuire à l’œuvre originelle mais produire une nouvelle œuvre qui ait le même style, le même son, les mêmes caractéristiques… tout en racontant autre chose.
Mais comment donc allez-vous vous sortir de l’impasse où je vous mène ?
Reprenez donc un pastiche et détendez-vous.
Prenez une œuvre connue que vous affectionnez tout particulièrement. Cette étape est importante : il faut que vous aimiez et connaissiez ce texte qui sonne si doux à vos oreilles. Essayez ensuite de taper sur votre clavier, de mémoire une partie du texte précité. Ne vous inquiétez pas si cela n’est pas l’original, il faut juste que cela sonne comme le texte de référence. Ensuite, prenez un peu de recul, réfléchissez à la raison qui fait que vous aimez ce texte. De quoi parle-t-il, comment cela est-il dit, qu’est-ce que cela éveille en vous… Il ne vous reste plus qu’à faire dire au texte ce que vous avez envie qu’il dise aujourd’hui, selon votre humeur ou votre coup de gueule du moment, et le tour est joué.
Bien sûr il y a d’autres façons de procéder, ainsi on peut dès le départ avoir une idée derrière la tête et ainsi faire une Pagnolade en pastichant la partie de belote où sont alors remplacés les participants par d’autres, connus ou non… A moins qu’à la manière d’une Christine Angot vous vous introspectiez sur votre dilemme du moment : Atlantique ou Méditerranée.
Bien que l’effet comique du pastiche n’échappe à personne, il est possible de pasticher sans qu’il y ait d’effet comique (c’est peut-être même plus difficile).
Il me faut maintenant vous mettre en garde contre quelques écueils :
- pasticher ce n’est pas écrire à la manière de… et ainsi écrire :
« Heureux qui comme Gilbert a fait une belle carrière
Et puis s’en est allé plein d’argent et de passion
Vivre entre ses parents … »
Remarquez que la différence est ténue et qu’avec un peu plus de recherche l’exemple précédent pourrait être un pastiche. Pour faire simple disons que nos pastiches seront des recherches plus subtiles et plus travaillées que des « à la manière de… »
- il faut que l’exemple à pasticher soit suffisamment connu pour qu’il s’installe une connivence tripartite entre l’auteur (vous), le lecteur et l’œuvre pastichée. Arrangez-vous pour qu’il y ait suffisamment d’éléments pour que vos lecteurs suivent (titre, nom des personnages, style…)
Je sais que tout cela n’est pas facile facile, mais je sais aussi que c’est de cette difficulté que naissent des belles choses comme pour la destination précédente avec les fabliaux.
Pour la référence culturelle, je citerai Pascal Fioretto qui écrivit il y a une petite année « Et si c’était niais » sorte d’enquête prétexte à convoquer tous les écrivains à la mode, férocement pastichés de la plus drôle des façons. **
J’ai failli ici convoquer Proust, mais je crois que Marcel va encore se reposer quelque temps pour revenir lors d’une prochaine destination.
Cette destination ne serait pas complète si elle ne citait pas le dernier numéro du « magazine littéraire » qui fait un bon dossier sur « l’humour ». Très bon, érudit mais pas poilant, enfin c’est pas tous les jours qu’on leur décoince les mâchoires, aux littéreux ! !
Je sais, cette destination est truffée de barbarismes, chacun ses contraintes !
Bon vent !

JFP

* http://style.modedemploi.free.fr/course.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pastiche

** http://www.lire.fr/extrait.asp/idC=51574/idTC=13/idR=202/idG=3


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