Destination : 108 , Polyésie


Heureux celui qui part pour la Polyésie !

Il sera question de poésie. Oui, je sais, il y en a parmi nous qui n’en sont pas des fanas alors que d’autres ne jurent que par elle. Que les uns ou les autres se rassurent, il s’agira encore une fois d’un itinéraire particulier sur des sentiers qui mènent ailleurs, sinon à quoi bon ? Dans un premier temps je vous demanderais de vous interroger sur ce qu’est la poésie.
Rassurez-vous vous ne trouverez pas* ! Et à ce propos, j’aimerais que dans
un premier temps vous envoyiez à la liste le fruit de votre réflexion («
Qu’est-ce que la poésie ? »). Pour l’atelier à proprement parler, il s’agira d’écrire un texte narratif (et voilà le gredin qui vous mène hors sentier) où la poésie occupera une place prépondérante. A partir de là tout est possible, je vous livre ici un éventail d’itinéraires non exhaustif :
- Votre texte pourra être un long poème en prose (c'est-à-dire qui n’obéit à
aucune contrainte particulière de rime ou de métrage (pieds)) mais qui devra
raconter quelque chose.
- votre texte pourra citer un ou plusieurs vers de poèmes célèbres ; que les nostalgiques n’hésitent pas à remonter dans leur enfance et raconter leur rencontre avec la poésie.
- vous pourrez alterner poésie et narration à votre guise.
- vous pourrez faire dialoguer des poèmes connus entre eux tout en racontant une histoire (première étape : convoquez les poèmes)
- ce texte peut aussi être l’occasion de rendre hommage à votre poète favori
en nous racontant comment ses mots ont rythmé votre vie.
Mais ce ne sont là que quelques pistes et il y en a bien d’autres à nous
faire découvrir, pensez à toutes les formes de poésie qui composent la
Polyésie !

J’ai gardé quelques notes culturelles pour la fin et je reconnais
volontiers avoir pioché quelques références dans la chronique poétique de J-C Pirotte ( magazine Lire - été 2008) :
- pour Montaigne : « Il est plus aisé de la faire que de la connaître » [la
poésie]
- Guillevic : « La poésie c’est autre chose » [ma préférée]
- Knut Hamsum : « Savez-vous ce que c’est qu’un grand poète ? C’est un homme qui n’a honte de rien. » [je ne connais pas Knut… et je n’en ressens aucune honte]

J’aime ce que dit Guillevic** car cette autre chose anéantit toute possibilité de définition cartésienne, reste juste à la poésie cette magie et cette beauté étrange (au sens étrangère) qui font que nous l’aimons lorsque nous la rencontrons.
* Ne cherchez plus on vous a dit que c’est autre chose.
Voilà, que ces quelques références puissent éclairer votre réflexion,
nourrir et faire croître un texte que nous aurons le bonheur de lire.
Je ne saurais clore cette destination non sans vous avoir infligé quelques
vers de mon poète américain préféré Charles Bukowski, tirés de son recueil «
les jours s’en vont comme des chevaux sauvages dans les collines. »

Note sur la construction des masses :

certains sont jeunes et rien
d’autre et
certains sont vieux et rien
d’autre
et certains sont entre les deux et
juste entre les deux

et si les mouches portaient des
vêtements
et que tous les immeubles étaient dévorés
par les flammes d’or,
si le paradis se trémoussait comme une danseuse
orientale
et que toutes les bombes atomiques se mettaient à
pleurer,
certains seraient jeunes et rien
d’autre et
certains seraient vieux et rien
d’autre,
et tout le reste serait pareil
tout le reste serait pareil.

les rares qui sont différents
sont assez vite éliminés
par la police, leurs mères, leurs
frères ou d’autres, leurs
frères ou d’autres ; par
eux-mêmes.

ce que vous voyez est tout
ce qui reste.

c’est
dur.

Amicalement,
JFP

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