Destination : 115 , Le Désert


En juin 1980, Bernard Pivot lançait dans un éditorial du magazine Lire : « l’appel du désert ». Il rendait un vibrant hommage au récent écrivain « nobélisé » J.M.G. Le Clézio* pour son roman « Désert ». Notre ami Bernard soulignait que ce livre était de ceux qu’avant qu’on les ait finis on sait qu’on y retournera comme à la fontaine de jouvence. Mais écoutons plutôt l’ami Bernard : « C’est qu’il y a en chacun de nous, au sud probablement un désert. Une étendue de silence et de soif où le tumulte des jours ordinaires et la profusion de nos servitudes nous retiennent d’aller. D’ailleurs nous en avons oublié le chemin. Occupés à la compétition, cernés par l’urgence, nous ignorons ou nous dédaignons ces longues échappées de sable et de vent sur la fréquentation desquelles nous serons peut-être jugés. Or voilà un livre qui nous dit que le désert existe, qu’il est beau et rude et immense et que c’est un grand malheur que d’en avoir perdu l’usage…. ».
Intéressant me direz-vous, mais qu’écrire à partir de cela ? Je serais tenté de vous répondre que tout peut-être écrit à partir de ce bel extrait et du Désert, mais ce serait un peu facile. Le désert nous invite à quitter notre condition d’homme moderne : baigné de technologie, entouré de lumière et de communication… Il nous aide à nous repenser en temps qu’individu vivant, fragile être vivant, face à une nature immense et toute puissante, il nous permet peut-être de remettre les pieds sur terre.
Au-delà du lieu « désert » à proprement parler cette destination vous suggère d’écrire en pensant à ce que Bernard Pivot veut dire, à notre relation individuelle à la nature (on évitera -peut-être ?- de tomber dans les considérations bien pensantes actuelles en matière d’écologie ). J’opposerais volontiers ici la notion « d’individu humain » à celle « d’homme individualiste » où le premier est un parmi les autres (dans la nature) et où le second est un en compétition avec les autres.
Enfin on pourra utilement étendre géographiquement le désert à d’autres immensités (le désert n’étant nullement quelque chose de vide) telles que l’océan, une forêt, la banquise, ou une feuille blanche.
Pour la forme, en cette période de Noël, le conte peut se pratiquer mais avec modération, c’est juste une suggestion. Que les djinns** soient avec vous !


Références aux déserts (merci Christine) :
Un thé au Sahara. Paul Bowles (dont Bertolucci a tiré un film)
Cinq fragments du désert, de Rachid Boudjedra
Le désert des tartares de Buzzatti


* JMG Le Clezio : http://www.associationleclezio.com/ (site des lecteurs)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Marie_Gustave_Le_Clézio
http://pagesperso-orange.fr/darreau.com/leclezio/leclezio.html (site non officiel)
http://www3.unileon.es/dp/dfm/flenet/docauteurs20siecle.html#LeClezio (ressources audio-vidéo)
http://fleflefle.blogspot.com/2008/10/dsert-jmg-le-clzio-extrait.html (extrait de Désert)

** djinns : sortes de génies dans les contes orientaux.

JFP

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