Destination : 17 , Le journal d'Ateliériste jones


Dans son roman best-seller « Le journal de Bridget Jones», Helen Fielding nous conte la vie douce amère d’une trentenaire qui ne sait comment retenir un homme, qui est à la fois en quête du grand amour mais qui veut maîtriser la situation, tout en ménageant une carrière ambitieuse. Evidemment, en menant tout de front, elle ne fait que se prendre des tartes (tatin) sur fond de satire du show-biz londonien.

Ce qui nous interessera dans cette 17ème destination, outre la truculence et l’humour grinçant, c’est la forme et le style de ses pages de journal. Mais voici plutôt deux extraits :

Dimanche 15 Janvier



57 kg (excellent), unités alcool : 0, cigarettes : 29 (nul, surtout en deux heures), calories .. 3 879 (répugnant), pensées négatives .. 942 (approximation fondée sur la moyenne à la minute), minutes passées à compterles pensées négatives : 127 (à peu près).



18:00. Au bord de l'épuisement. Ai passé la journée à me préparer pour ce soin Femme. C'est pire que paysan - semis, arrosage, arrachage, récolte... on n'en finit jamais. Jambes à épiler, aisselles à raser, sourcils à épiler, pieds à poncer, peau à gommer et hydrater, points noirs à enlever, racines à décolorer, cils à teindre, ongles à limer, cellulite à masser, abdominaux à
exercer. Un programme si rigoureusement exigeant qu'il suffit de se laisser aller quelques jours pour se retrouver en jachère. Il m'arrive de me demander ce que ça donnerait si je retournais à l'état de nature - barbe et

moustaches en forme guidon de bicyclette sur chaque tibia, sourcils à la Groucho Marx, cimetière peaux mortes sur visage, boutons en éruption, longs

ongles recourbés de Pierre l'ébouriffé, aveugle comme une chauve-souris, triste spécimen d'humanité sans lentilles, flaccidité absolue des chairs molles et étalées. Beurk, beurk. Comment s'étonner que les filles manquent de confiance en elles ?



19:00. Incroyable ! En allant à la salle de bains pour une dernière retouche j'ai vu que mon répondeur clignotait : Daniel.

" Désolé, Jones, vraiment, mais je crois que ce ne sera pas possible pour ce soir. Je présente le programme éditorial demain matin et j'ai quarante-cinq argumentaires à étudier avant. Incroyable ! Il m'a posé un lapin ! Une journée entière de rude labeur et d'énergie corporelle hydroélectrique de gâchée ! Bon. La vie d'une femme ne doit pas dépendre des hommes. Les femmes doivent apprendre à se suffire à elles-mêmes. Voilà.



21:00. Il est tout en haut de l'échelle hiérarchique. Il n'a peut-être pas voulu gâcher notre première soirée par préoccupations professionnelles sous-jacentes...



……



Remarquons dans la construction, ces petits paragraphes introductifs qui sont comme le cours boursier de Bridget ou encore sa météo…

Dans le style, il est intéressant d’observer l’économie de mots dans les phrases, déroutant au départ mais qui créée un style et dont on finit par apprécier la qualité et l'esprit. Économie qui peut contraster avec des développements à rallonge ou des énumérations sans fin.

Qu’est-ce que je vous propose avec tout ça ? D’écrire vous aussi des pages de journal, en vous inspirant de Bridget Jones : ensembles de données significatives et introductives, puis récit (journal) avec économie de mots

et style court et direct. Compris ?

On n’hésitera pas à être un personnage misogyne ou anti-mecs (comment dit-on ?), à qui il n’arrive que des catastrophes et qui se lamente sur notre société décadente tout en étant un accro de la consommation. (Cette dernière remarque n’étant qu’une proposition visant à cerner les contours d’un personnage haut en couleur !)

Résumons :

Mercredi 28 janvier

Atelier : 1 Inscrits : 41 Participants : 10 (moyen) Participantes : 8 (bien) Destination : N°17

Ai envoyé 17éme destination. Fatigant. Neurones surmenés. Doivent écrire un journal. Comme Bridget. Personnage haut en couleur. Doivent utiliser la même forme et le même style court et économique. Peuvent choisir d’être un sale misogyne macho (pléonasme ?) – avec une gourmette, une chemise entr’ouverte sur un torse à la pilosité abondante, une eau de toilette surtout toilettes, des dents jaunes repeintes, une haleine pastissée, des cheveux plein de gel dégueux aux reflets brillants – ou bien fille anti-mecs qui se la pète avec…

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