Destination : 261 , Collectionnite


Chers amis, cette destination sera je crois assez simple, enfin c'est ce que je pense au départ. Qui sait où cela nous mènera ?
Le point de départ est la lecture d'un article de Books de septembre-octobre 2017. Il s'agit de « confessions d'un toqué de montres » de Gary Shteyngart*. Dans cet article, paru originellement dans « The New Yorker », l'auteur nous conte son addiction pour les montres (de collection). Il nous raconte l'origine de sa passion, l'acquisition d'une montre « Casio H-108 12 Melody Alarm » qui fut, dans les années 80, son premier ami. Sa passion est devenue dévorante au point qu'il fait aujourd'hui partie d'un cercle de collectionneurs prêts à beaucoup sacrifier pour arborer à leur poignet des toquantes mécaniques de précision hors de prix.
Du coup, la lecture de cet article m'a rappelé ma passion, enfant, pour les montres. Je me souviens que j'ai toujours voulu en avoir une, bien avant de savoir lire l'heure. Je me rappelle de cette première montre, offerte par mon parrain, où le tic-tac était joliment battu par un pistolet qui oscillait ardemment. C'était une vraie montre de cow-boy, qui ne fonctionna pas si longtemps que cela mais qui resta bien longtemps dans le tiroir de ma table de nuit. Après, il y eut cette montre « timex ? » qui nous apprenait à lire l'heure sur des cadrans pédagogiques bleus ou rouges. Je me rappelle ensuite de ces premières montres « digitales » que l'on pouvait acquérir facilement lors des fêtes foraines. Elles étaient éclatantes de métal, mais le mauvais inox nous laissait de drôles de marques au poignet. Puis il y eut les « swatch » qui ne tinrent pas leur promesse de solidité mais dont la transparence laissait entrevoir de manière futuriste les rouages électroniques et mécaniques… Bon, je crois que je me laisse un peu emporter…
J'ai toujours regretté de ne pas avoir l'âme d'un collectionneur, n'ayant pas la rigueur nécessaire à une telle pratique : objet perdus, dispersés, cassés. Pourtant, certains objets m'ont été chers, m'ont accompagné longtemps : stylos encre, outils, montres, ordinateurs… Je m'aperçois qu'à travers mes relations avec chacun de ces objets je pourrais raconter d'une certaine manière une part non négligeable de ma vie.
C'est ce que je vous propose avec cette destination, essayez de choisir un objet et de raconter votre première rencontre avec cet objet, puis comment il a accompagné votre vie jusqu'à aujourd'hui. Quand je dis objet, il peut s'agir d'une famille d'objets, d'une collection. L'essentiel est de choisir quelque chose qui vous accompagne depuis longtemps et qui vous permettra comme un fil rouge de nous dérouler votre histoire. Bien sûr, vous pouvez faire œuvre de fiction, de poésie, d'une originalité stylistique non ici évoquée et que nous aurons plaisir de découvrir avec vous.
Pour finir, j'espère que vous n'êtes pas atteint de syllogomanie**, c'est à dire d'accumulation compulsive. Il s'agit là des gens qui de façon quasi-maladive éprouvent l'impossibilité de se séparer de tous les objets qu'ils possèdent même de ceux qui leurs sont inutiles, sans valeur, voire insalubres ou dangereux. Auquel cas, cette destination risque d'être difficile !

** variante extrême de la syllogomanie : le syndrome de Diogène. Cette pathologie, décrite en 1975, du nom du célèbre philosophe grec, caractérise une forme extrême de syllogomanie, associée à une vie négligée voire insalubre… Profitons ici de ce syndrome pour rappeler que Diogène fut une figure emblématique du cynisme, qu'il mena une vie éloignée des conventions sociales, adoptant des restrictions visant à le libérer des besoins matériels (ce qui nous éloigne paradoxalement de la syllogomanie?).

Et si, finalement, ma syllogomanie consistait à collectionner les destinations ?

Bonnes collections,

JFP

* Mémoires d'un bon à rien, Gary Shteyngart, traduit de l'anglais par Stéphane Roques, Point, 2016, 475 pages.

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