Destination : 275 , Ailleurs c'est moins cher !


Oui, les destinations se suivent et ne se ressemblent pas ! Après vous avoir emmené au théâtre, il faut faire les courses, c’est pourquoi je vous propose de faire un tour (incontournable?) au supermarché.
C’est exprès que je choisis un lieu éloigné de la littérature, cela permet des décalages intéressants.

De quelle manière un supermarché peut-il nous inspirer ?

De multiples façons !

Tout d’abord, il y a toutes les réflexions sur notre société de consommation et sur notre mode de vie. Depuis les années 70, les supermarchés ont petit à petit envahi nos banlieues et dans bon nombre de centres villes français il n’y a plus beaucoup de monde les samedis, les familles se rendant dans les centres commerciaux péri-urbains de plus en plus développés au détriment des centres anciens, moins armés pour les accueillir avec leurs voitures et leurs nouveaux « loisir ». Désormais les centres commerciaux, que j’assimile ici aux supermarchés dont ils sont l’extension, proposent tout ce qu’un consommateur souhaite : alimentaire, fast-food, sport, cinéma, bricolage, culture… Et pas besoin d’utiliser ses jambes pour aller d’un service à un autre. Mais, carte de crédit, de fidélité obligatoire.
Bref, que de matière pour écrire !
Je crois que si j’écrivais quelque chose, je choisirais de parler des cartes de fidélité, comme me l’a dit une caissière : vous n’êtes pas fidèle ? Non, je refuse toutes ces cartes de fidélité, de toute façon lorsque j’en avais, je n’avais jamais la bonne, où elle n’était pas à jour, ou bien encore, il n’y avait pas assez de points dessus pour que cela me rapporte quelque chose. Depuis, je me sens plus léger et tant pis si on me traite d’infidèle !
Pensez pour cette destination à toutes les histoires qui peuvent se dérouler dans ces atmosphères : dans une galerie commerciale où une personne récurrente semble y avoir élu domicile, au dialogue qui peut se dérouler avec une caissière, à la course poursuite que peut engager un vigile contre un sexagénaire cleptomane, à l’entretien d’embauche auquel vous vous rendez pour devenir responsable du rayon phytosanitaire.
Je pense encore à mille autres pistes que je vous livre ici pèle-mêle parce qu’elles sont en promotion :
- vous devez écrire un nouveau slogan (et même toute une campagne publicitaire) pour une vente spéciale de charcuterie de terroir : pensez à prévoir l’intervention de producteurs locaux et à l’habillage du hall d’accueil.
- vous racontez l’animation d’une journée avec la venue d’une star people qui dédicacera des photos (j’ai vécu cela avec la présence de « Passe-Partout de Fort Boyard »).
- mettez-vous à la place d’une boîte de petits pois et racontez-nous une journée de votre vie en rayon.
- parlez-nous des relations entre les employés de la grande distribution : les brimades des petits chefs, le flicage de la direction, les guéguerres entre les employés du rayon textile et ceux de l’alimentaire.
- écrivez un guide rapide de survie au supermarché,
- écrivez un guide touristique façon routard ou lonely planet sur la grande distribution.
- faites nous lire un article de supermarché-magazine, numéro spécial « régimes et bronzage ».
- racontez-nous pourquoi il y a cette musique innommable qui sort des murs métalliques, pourquoi il n’y a pas d’horloge et pourquoi l’éclairage est si savamment étudié.
- retracez votre biographie au travers de vos supermarchés. Personnellement, je me souviens que tout petits mes parents nous traînaient dans un supermarché « Cora » en fin de semaine, alors que nous ne tenions plus sur nos jambes. Heureusement qu’un « Unico » ouvrit ses portes dans notre petite ville de campagne, ledit Unico se transformant et se délocalisant un peu pour devenir un Super U de dimension « départementale » faisant la fierté de ses habitants et drainant toujours plus de familles des villages alentours.
- tentez la poésie de supermarché : jouez avec le nom des marques, faites des bons mots bon marché, que son rythme soit effréné et hypnotique.
- relatez un fait divers se passant en centre commercial, si l’imagination vous manque, la presse contient d’abondants exemples bien réels.

Je crois que je pourrais encore vous livrer pas mal de pistes sur le sujet et je me demande pourquoi il me vient tant d’idées sur le sujet !

Cette destination, vous l’aurez senti ne se veut pas une apologie des centres commerciaux mais elle se veut ancrée dans une réalité bien présente aujourd’hui dans notre société. Comme la plupart d’entre vous, je déplore la disparition des petits commerçants, la désertification des centres villes.

Mais même si j’essaie de ne pas y aller souvent, j’y vais quand même !

En espérant que cette destination ne soit pas de la littérature de supermarché !

Bonnes courses et ramenez-nous de quoi nous rassasier !

JFP

Pour la référence littéraire, dans « Regarde les lumières mon amour », Annie Ernaux nous emmène au supermarché où elle a tenu pendant une petite année le journal de ses visites.
http://www.lexpress.fr/culture/livre/annie-ernaux-l-hypermarche-n-apparait-jamais-dans-la-litterature_1505398.html

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