Destination : 283 , Hier encore...


Destination 283 : Hier encore…

Hier encore,
j’avais vingt-cinq ans
je caressais l’écran
et jouais de la plume
comme on joue de l’amour
Et je vivais la nuit
sans compter sur mes jours
qui fuyaient dans le temps

J’ai écrit tant de textes
qui sont restés en l’air
j’ai bâti tant de projets
qui se sont envolés
que je reste perdu
ne sachant où aller
Les yeux cherchant les mots
mais le cœur dans les livres

Hier encore
j’avais vingt-cinq ans
je gaspillais le temps
en croyant l’arrêter
Et pour le retenir
même le devancer
je n’ai fait qu’écrire
et je me suis essoufflé

Ignorant l’imparfait
conjuguant au futur
je précédais de je
toute mon écriture
et donnais mon avis
que je voulais le bon
pour inonder le monde
avec ma culture

Hier encore
j’avais vingt-cinq ans
Mais j’ai perdu mon temps
A écrire des poésies
qui ne me laissent au fond
rien de vraiment précis
que quelques rides au front
et la peur de l’ennui

Car mes envies sont mortes
avant que d’exister
mes muses sont parties
et ne reviendront pas
Par mes fautes j’ai fait
le vide autour de moi
et j’ai gâché ma vie
et mes jeunes années

Du meilleur et du pire
en jetant le meilleur
j’ai figé mes écrits
et j’ai glacé mes mots
Où sont-ils à présent
A présent mes vingt-cinq ans ?

Vous l’aurez compris, cette destination est un hommage à Charles Aznavour, cet immense artiste, chanteur, poète qui berça notre enfance, éclaira notre vie et accompagna chacun de nos pas. Il maniait si bien notre langue, se disait artisan, et quel artisan, quelle présence pour un si petit homme. J’ai eu la chance de le voir sur scène il y a près de vingt ans pour une tournée qui se voulait sa dernière et qui ne prit jamais fin, pour étirer le temps jusqu’à aujourd’hui et probablement demain.
En vous penchant sur ses textes et ses chansons, mais aussi sur ses rôles au cinéma, vous ne manquerez pas de matière pour écrire. Vous pourrez, comme je l’ai fait ici, écrire un pastiche à partir d’un titre qui vous parle, vous pourrez aussi écrire un texte qui aura pour titre un de ses textes, proposant peut-être une adaptation sous forme de récit d’une de ses chansons. Je pense par exemple à « la mama » qui pourrait connaître une version « récit ». Ou encore « je me voyais déjà » qui peut devenir une lettre écrite par un fils à sa mère, revenant sur sa tentative de devenir chanteur...

Vous trouverez sur ce site plusieurs centaines de titres du grand Charles, avec les paroles, profitez de cette poésie populaire et de qualité. http://www.paroles.net/charles-aznavour

Je n’ai pas grand-chose d’autre à ajouter, si ce n’est cet autre cadeau de l’ami Charles :

Et puis vient septembre 
Aux jours plus courts et plus lents 
Qu'avant 
Le ciel ne ressemble 
Plus au ciel d'antan 
Attaqué de brume 
Le soleil pâlit 
S'enfuit 
Les jours de septembre sont gris 
Et puis vient septembre 
Dés lors nous tendons les mains 
En vain 
Vers ce qui nous semble 
Si proche et si loin 
Un peu d'amertume 
Au passé qui fuit 
Se lie 
Les jours de septembre sont gris 
Les printemps étaient 
Fous et fantastique 

Comme il se devait 
L'été continue 
Bien plus romantique 
Qu'on ne l'aurait cru 
Le ciel est sans tache mais 
Soudain vient septembre 
Le temps est un peu plus froid 
Déjà 
Et tout se démembre 
Quand l'été s'en va 
Les regrets s'allument 
Dans les cœurs surpris 
Meurtris 
Les jours de septembre 
Sous un soleil ambre 
Les jours de septembre 
Même ensoleillés sont gris

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Et puis vint Octobre,
et Charles partit,
nous laissant seuls avec ce soleil
qui n’en finit de décliner,
comme pour nous dire :
ne soyez pas triste,
je suis juste là,
pas si haut,
vous pouvez presque me toucher,
tendez-bien l’oreille,
je suis là avec les oiseaux,
les grues qui partent vers le sud...

JFP

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