Destination : 286 , L'oiseau et l'ombre


C’est en allant sur le site de l’artiste cité par Laure dans sa participation précédente, que j’ai trouvé le thème du prochain atelier : « L’oiseau et l’ombre ». Au départ, j’étais inspiré uniquement par l’oiseau, puis je me suis dit que si les ombres ne m’inspiraient pas, cela ne serait pas nécessairement votre cas, peut-être saurez-vous faire dialoguer les deux, intégrer l’un à l’autre.
Commençons par l’oiseau. Tout de suite m’est venu en tête le livre de Murakami : chroniques de l’oiseau à ressort. Dans ce roman, une nouvelle fois au-delà de la frontière du réel, le héros, Toru Okada, oisif et un peu errant, part à la recherche d’un chat disparu. Dans son environnement proche, il découvre une maison qui paraît abandonnée ; sur le terrain de laquelle il y a un mystérieux puits à sec et où il entend le cri non moins mystérieux d’un oiseau métallique dont le ressort semble remonter le monde. Je ne me souviens plus de ce qui se passe exactement dans ce livre. Comme pour de nombreux romans de Murakami, j’en ressors parfois comme on ressort au petit matin d’un rêve étrange et agréable : plein de belles choses et de belles images, pas toutes cohérentes, mais avec le plaisir de les avoir ressenties. Puis, très vite le temps passe et les souvenirs s’estompent, il ne reste alors plus que des impressions, des ressentis, des fragments qui sont autant de belles choses.
Retombons sur nos pattes : je pense que vous en avez entendu parler, les oiseaux sont en train de disparaître de la surface de notre planète à la vitesse grand V. Je ne vais pas ici dresser un constat écologique alarmant, mais la disparition de ces derniers dinosaures a quelque chose de triste. Je me souviens lorsqu’enfant je me rendais compte que nous allions sur les beaux jours en entendant dans ma chambre le chant des oiseaux au petit matin. Nous avons tous des souvenirs, des histoires où les oiseaux tiennent une place importante. Pensons que les oiseaux ont montré aux hommes qu’il était possible de voyager dans les airs. Créerons-nous un monde avec des drones imitant les oiseaux pour nos enfants ?
Les oiseaux ont beaucoup inspiré les hommes, je vais ici mélanger les genres : Léonard de Vinci les a étudié pour imaginer que nous puissions voler, Alfred Hitchcock nous a fait peur avec, dans le roman de Renart :Tiécelin, Chanteclerc ou Petitpas sont d’importants personnages.
Michelet, Saint John Perse, René Char ou encore Jacques Prévert ont sifflé de belles mélodies avec eux. Vous aussi, que les oiseaux vous inspirent, piquez-leur une plume ou deux pour nous écrire de belles choses. Je pense à des écrits poétiques, mais aussi à des nouvelles où les oiseaux seront présents et pourquoi pas des histoires d’oiseaux. Pensez également aux dessins animés : Donald, Picsou, Woody Woodpecker, Caliméro et bien d’autres…

Passons du côté obscur. Je veux parler de l’ombre. Elle a ceci de particulier qu’elle n’existe pas et pour être représentée a besoin d’un « modèle ». Je m’explique, ce n’est pas à proprement parler une ombre que nous voyons, mais une absence de lumière retenue par l’objet que je nomme modèle. Platon, dans son mythe de la caverne, nous suggère que c’est peut-être ainsi que nous voyons le monde : nous ne percevons peut-être (vraisemblablement même) que ce que les choses veulent bien nous montrer d’elles-mêmes. J’exagère un peu, mais il est très vraisemblable qu’une partie de l’univers même proche nous échappe, que nos sens ne puissent qu’en capter qu’une petite partie « visible ».
Les ombres ont ceci en commun avec les oiseaux d’être assez insaisissables et de pouvoir s’envoler très facilement. Elle peuvent aussi être un moyen d’expression : le théâtre d’ombres.

Je vais encore ici citer Murakami, je dois être influencé par la lecture de son dernier roman ! Si je le cite ici, c’est parce que c’est le seul auteur que je connaisse à avoir donné dans un roman un rôle aussi important à une ombre. Dans « la fin des temps », le héros en arrivant dans une cité, doit abandonner son ombre dans une sorte de prison. Cette ombre va alors être bien malheureuse et dépérir ainsi délaissée… C’est poignant, je ne vous en dis pas plus. Pour les amateurs de Murakami, je place ce livre parmi ses tout meilleurs.
Je ne sais pas encore ce que peut vous suggérer l’ombre, peut-être des scènes estivales où elle est un refuge (c’est d’ailleurs de cette notion d’abri qu’elle tire son étymologie). A moins que vraiment vous ne soyez attiré par son côté obscur, par son environnement qui peut nous priver de couleur ? Que serait un monde plongé dans l’ombre ? Je ne dis pas dans la nuit, parce qu’il me semble que la nuit est plus intense dans sa noirceur que l’ombre, même si elle est crée par l’ombre de la Terre qui se cache alors du Soleil…

Pour cet atelier, vous pouvez traiter l’oiseau ou l’ombre ou encore les deux !

Allez, sortez de l’ombre et envolez-vous !

http://interligne.over-blog.com/2016/02/l-oiseau-dans-la-litterature.html

http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Fin_des_temps_(roman)

http://www.ludohuet.com/ (le site « inspirateur »)

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