Destination : 323 , Etranger


Je ne vais pas vous étonner en vous disant que le roman d’Albert Camus, « l’Étranger », est une des sources d’inspiration de cette destination.

Plus étonnant est le film « Taxi Driver », de Martin Scorsese, film qui lui octroya une palme d’or à Cannes en 1976. Si je suis un inconditionnel de Scorsese et de De Niro, je dois concéder que « Taxi Driver » m’avait laissé dubitatif au premier visionnage … jusqu’à ce que j’écoute une excellente émission de radio sur France Culture : « Les chemins de la philosophie » qui a consacré quatre émissions au réalisateur italien, dont un « Taxi Driver, un héros Camusien ».

Au cours de cette émission, j’ai pu revivre le film et en obtenir les clés… philosophiques.
Comprendre que Travis, le chauffeur de taxi, de retour du traumatisme du Viet Nam, tente de se réinsérer sans conviction comme chauffeur de taxi. Il accepte toutes les courses à travers le New-York de la nuit, un lieu crasseux, garni d’embrouilles, de racailles et d’oiseaux de nuit. Maladroit, il ne sait comment s’y prendre avec les femmes, se retrouve dans des situations dramatiques, violentes… Il paraît lent, déprimé, sans conviction profonde, mais ne rechigne pas à agir sans états d’âme.

Qu’est-ce qu’un héros Camusien ? C’est un héros réaliste qui accepte le monde tel qu’il est, une sorte d’observateur participant conscient de ses limites (il ne cherche pas à les dépasser), finalement un être ordinaire auquel il est facile de s’identifier. Notez que cette définition est personnelle, assurément discutable.

L’Etranger, paru en 1942, premier roman de Camus, est un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature française : traduit en 68 langues, il serait le troisième roman francophone le plus lu dans le monde après le Petit Prince et Vingt mille lieues sous les mers.

Meursault, héros-narrateur du roman apprend par un télégramme que sa mère vient de mourir : dès le départ, il semble étranger à ce qu’il lui arrive, suit les événements de manière assez passive, ne cherche pas à simuler un chagrin qu’il ne ressent pas. Tout au long du roman, Meursault paraît subir ce qui lui arrive, sans jamais tenter de se dépasser pour s’en sortir. Si j’osais,
je qualifierais Meursault de Hamlet sans dieu ni culpabilité qui a choisi de « ne pas être ».

Vous aussi, je vous propose de nous raconter une histoire avec un héros « camusien » étranger. Interrogez-vous sur cette notion d’étranger : au sens propre du terme (étranger à une région, à une famille, à un pays, à une entreprise) ou au sens figuré (étranger par la passivité, par le déroulement narratif, où ce sont les événements qui conduisent les héros, non l’inverse.)

A partir de là, je vois plusieurs itinéraires possibles :

- un premier où la notion d’étranger est au sens propre,

- un deuxième où il sera question de mettre en scène un héros de type Camusien ou Scorsesien,

- un troisième, qui débutera avec le célèbre incipit : « Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. »

- un quatrième enfin, plutôt original : votre nouvelle commence comme la scène d’ouverture du film « taxi driver », c’est-à-dire par un taxi qui sort de la brume nocturne… à vous de continuer.

Il fallait bien qu’Ailleurs parle d’étranger, car ailleurs, tout le monde est étranger.
JFP

http://www.franceculture.fr/emissions/les-chemins-de-la-philosophie/philosopher-avec-scorsese-14-taxi-driver-un-heros-camusien

http://www.youtube.com/watch?v=j374vTaKWLQ (scène d’ouverture de « Taxi driver »)

http://www.anthropomada.com/bibliotheque/CAMUS-Letranger.pdf texte intégral du roman de Camus, tombé dans le domaine public de nos amis canadien.

http://www.premiere.fr/Cinema/40-choses-que-vous-ne-saviez-peut-etre-pas-sur-Taxi-Driver anecdotes sur le film

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