Destination : 343 , Cent mots sans maux


Je vais de nouveau vous conter ici l’itinéraire ayant abouti à cette destination. Alors que je choisissais un ouvrage de jeunesse destiné à mes élèves, mon choix s’est porté sur « suivez-moi jeune homme » écrit par Yaël Hassan.
Un seul mot, dans le prologue écrit par l’auteur, permet par l’intermédiaire d’un participe passé de découvrir que l’auteur est une autrice : « devenue »
Dans ce prologue, Yaël Hassan nous raconte comment lui est venue l’idée d’écrire ce livre. Pour rendre hommage à Bernard Pivot, qu’elle admire, elle a écrit un roman en y « casant » les cents mots de la langue française que notre défenseur national du français voulait sauver. Bernard pivot, figure emblématique des années 70 à 90, journaliste littéraire, a beaucoup œuvré pour populariser la littérature et les auteurs francophones au travers d’émissions télévisées telles que la légendaire « Apostrophes » devenue ensuite « Bouillon de culture »(titre que j’ai trouvé beaucoup moins élégant que le premier et qui annonçait peut-être la fin d’une époque). C’est sur le plateau de Pivot que se sont produits bien des événements médiatico-littéraires telle la fanfaronnade titubante d’un Bukowski passablement aviné.
En 2004, notre Bernard national écrit un essai : « 100 mots à sauver » qui se présente sous la forme d’un dictionnaire. Par l’intermédiaire du magazine Lire il implore les auteurs d’employer ces mots en décidant d’en adopter un, de l’aimer, l’employer… pour le sauver. A l’époque, il indique : « [...] Des mots, eux aussi, pour d’autres raisons que la chasse, la pollution et l’argent, meurent. Pétrifiés dans des dictionnaires obsolètes ou humoristiques, recensés par des lexicologues historiens, ils ne subsistent que dans les œuvres littéraires où, intrigué mais paresseux, le lecteur les saute ou les ignore trop souvent. »
Pour en revenir au roman de Yaël Hassan, c’est une sorte de logo-rallye géant avec l’énorme contrainte d’y placer cent mots en voie de disparition, c’est-à-dire cent mots peu usités voire inconnus au bataillon. Astuce de l’auteure, un des héros est un papy qui ne semble pas au début avoir toute sa tête.
Vous trouverez un peu plus bas cette liste et il est tout naturel de vous proposer d’écrire un texte dans lequel vous utiliserez une quantité qu’il vous conviendra de déterminer de ladite liste. Si je ne vous propose pas de placer la centaine de mots, c’est parce que je trouve que cela demanderait la production d’un texte plutôt long pour que la dilution se fasse de manière élégante, sans que le procédé ne soit trop visible. Cependant, le challenge peut être tenté, il fonctionne, j’ai lu quelques textes de personnes ayant tenté l’expérience. Autre possibilité, choisir la proposition de Bernard Pivot et adopter un seul de ces mots qui, du coup, sera la figure centrale de votre texte.
Pour ajouter une touche d’actualité ou de modernité à cette destination, je vous propose alternativement de participer à la semaine de la francophonie, qui vient de s’achever (du 13 au 21 mars) et qui elle, invite à utiliser dix mots « Dis-moi dix mots qui ne manquent pas d’air ». Notez que c’est Bernard Pivot qui a donné le coup d’envoi de cette nouvelle édition !
Ces mots sont : Aile (nom) Allure (nom) Buller (verbe) Chambre à air (nom) Décoller (verbe) Éolien (adj.) Foehn (nom) Fragrance (nom) Insuffler (verbe) Vaporeux (adj.).
Résumé des itinéraires proposés :
1) Logo-rallye géant : utiliser une belle quantité des 100 mots à sauver pour écrire un texte.
2) Adopte un mot : choisir un mot parmi la centaine, le choyer et le faire briller dans une production littéraire.
3) Dis-moi dix mots : dix mots à utiliser dans une nouvelle, une histoire, un poème, un article…

Liste des cents mots :

« Argousin, atour, babillard, badauderie, bailler, bancroche, barguigner, bath, béjaune, billevesée, brimborion, brocard, brune, cagoterie, capon, carabistouille, caraco, cautèle, chemineau, clampin, coquecigrue, débagouler, déduit, derechef, diantre !, s'ébaudir, s'esbigner, étalier, faix, faquin, fesse-mathieu, fi !, fla-fla, flambard, flandrin, fortifs, gandin, génitoires, goguenardise, gommeux, goualante, gourgandine, gourme, grimaux, geux - geuse - geuserie, hommasse, huis, icelui - icelle, jean-foutre, jocrisse, jouvenceau, lupanar, macache, mafflu, manant, mâtin, matutinal, melliflu, mirliflore, momerie, moult, nasarde, nénette, nitescence, s'opiniâtrer, patache, pauvresse - pauvret, peccamineux, pékin, pendard, péronnelle, pétuner, potiner, potron-minet, priapée, purotin, à quia, radeuse, rastaquouère, ribote, robin, rufian, saperlipopette !, sapience, scrogneugneu, seoir, septentrion, subséquemment, suivez-moi-jeune-homme, tire-laine, toquer, torche-cul, tranche-montagne, trotte-menu, turlutaine, valétudinaire, venette, vétille-vétiller-vétilleux-vétillard, vit, y »

http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_Pivot

http://www.dismoidixmots.culture.fr/ressources/livret-des-dix-mots-2020-2021
(livret des dix mots qui peut vous inspirer )

En un mot comme en cent, faites-vous plaisir !

JFP

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