Destination : 388 , Les années


Au cours de cette destination, nous userons un peu de nostalgie. Un tout petit peu.

Avant cela, rendons hommage à Anne Ernaux, récente prix Nobel de littérature. Les années, c’est le roman le plus connu de l’autrice, celui qui l’a consacrée. Je vous avoue ne pas l’avoir encore lu. En revanche, j’ai lu « la honte », dans lequel j’ai pu découvrir le style épuré, la relation au réel, au souvenir, d’Annie Ernaux. Dans ce roman autobiographique, elle dissèque un souvenir douloureux, elle le triture dans tous les sens, elle explore le contexte à l’extrême. On peut aimer, cela peut aussi mettre mal à l’aise… C’est à découvrir. J’ai choisi à l’époque de lire ce livre par la force de son incipit : « Mon père a voulu tuer ma mère, un dimanche de juin, au début de l’après-midi. » On ne redira jamais assez combien la première phrase est importante.

Mais revenons aux années, pas celles d'Annie Ernaux, non, aux nôtres. Si je devais user d’une autre référence, je choisirais Calogero avec son titre « 1987 ». Dans cette chanson, il nous dit retourner en 1987 et lorsque je l’écoute, j’ai vraiment le sentiment d’y revenir. Je me retrouve alors dans la peau de l’adolescent de l’époque, avec ses colères, ses espoirs, ses besoins. Je retrouve l’air des années 80, une époque où je ressentais l’égalité entre les sexes, où tout me semblait possible. Tantôt j’avais la force de Rocky, tantôt je devenais pilote d’avion (américain). J’avais l’impression que la France serait un pays éternellement de gauche gouverné par des socialistes embourgeoisés qui dépenseraient sans compter pour l’éducation, la santé, les congés payés, des retraites qui offriraient à la fin de la cinquantaine un seconde vie. Si le chômage rôdait comme un spectre honteux, le sida faisait son apparition nous défendant d’avoir l’insouciance amoureuse de la génération précédente. Je savais que dans quelques années je fumerais des cigarettes (je venais d’essayer) et que les ordinateurs me passionneraient…

Comme vous tous, je donnerais beaucoup pour retourner dans certaines tranches temporelles. C’est ce que je vous propose dans cette destination : choisissez une époque, de préférence une période précise (une année ou une décade) et racontez-nous ces années-là. Plusieurs possibilités : vous pouvez écrire une histoire avec personnages et événements adéquats, vous pouvez aussi écrire un témoignage aujourd’hui qui s’adresserait par exemple à une jeune personne. Cela peut également prendre une forme poétique, celle d’une lettre ou encore celle d’une page de journal intime (en empruntant au passage l’identité d’une autre personne). Et si vous écriviez un extrait de théâtre, un bout de pièce qui se déroulerait à la fin des années 70 ?

Vous ne manquerez sans doute pas d’idées pour remonter le temps, pour nous faire (re)vivre le parfum de certaines années, prenant soin de choisir les petits détails d’époque, les mots surannés, le style en lien ou en décalage…

Allez,
on monte dans la machine à remonter le temps !

JFP

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