Destination : 153 , Peur sur Ailleurs


Sois sage ô ma peur...

[AtelierAilleurs] DESTINATION 153 - PEUR -





Sois sage ô ma Peur et tiens toi plus tranquille,

Et donne moi la main.

Que Baudelaire me pardonne, cet écrit est ici le premier,

Qu'il soit donc mon parrain !



Ma Peur,



Cela fait des décennies que nous vivons ensemble.



A l'origine, Tu étais partout.

Les interdits étaient si nombreux (conséquence hélas de la peur des autres), qu'il n'y avait en moi qu'angoisse, inhibition, parfois jusqu'à la terreur.

Sans parler de ce sentiment inévitable de solitude mêlée de tristesse dont je pensais qu'il valait mieux ne pas le montrer, pour se faire accepter.



Puis, adaptation sociale oblige, le combat s'est imposé. Combat inégal.

Souvent perdu. Ou même, perdu d'avance.



Par la suite, des rencontres, des évènements incontournables, des désirs de toutes sortes m'ont délivrée. Un peu...

Mais suffisamment pour que Tu m'autorises à découvrir que la peur est ce qui gronde dans le courage, belle phrase qui n'est pas de

moi !

Ah, l'estime de soi, quel travail !

Et la confiance, faut-il aussi en parler, moi qui me dévoile ici pour la première fois ?

Avec le temps, mon inconscience face à l'Inconnu...t'as mise parfois en échec.

Merci l'Inconscient.

Ainsi, c'est devenu une constante chez moi : les risques éventuels, c'est après que je les évaluais !

Et souvent et bien entendu, je Te retrouvais.



J'ai aussi et bien sûr fait l'apprentissage de la fuite, mais l'évitement est objet de frustration, et donc de mal être.

Et donc de solitude et de tristesse. Case départ...!



Souvent résonnent à mes oreilles attentives, les mots de ma

Grand Mère : la peur n'évite pas le danger !.

Elle avait tout compris : le danger le plus grand est bien celui de la peur.



Ma Peur, ma fidèle, merci de me le rappeler : difficile souvent aussi, d'affronter le regard de certains, et surtout, surtout le pouvoir d'autres.

Ah le Pouvoir... Face à lui, je n'existe plus.

Oui, ma Peur, tu as raison, je devrais oser dire : je n'existais plus. Car pour m'être beaucoup trop exposée, j'ai fatalement appris à me protéger.

Mais attention, fragile.



Zweig (inspiré par Maupassant) a si bien écrit sur la peur !

Et ce n'est pas pour rien et Tu le sais, que mon fils porte son prénom...



Me voilà désormais et depuis peu Sénior.

Par définition, qu'en sera-t-il de Demain ?



Et donc, toi ma Peur, tu ne me fais plus autant peur.



Car si l'on devait se croiser désormais trop souvent, tu deviendrais un frein. Et je ne peux plus me le permettre.

Car aujourd'hui,l'instinct de vivre et de créer pleinement doit être le plus fort.

Martine V.