Destination : 11 , Poupées russes


Sous le soleil exactement

Automne

Sous la toile bleue tendresse du ciel

Des nuages chapeaux, haut de forme et melon, qui vous salue en s'enfuyant

Sous les nuages

Un vent flamenco, fougue et tourbillons

Sous le vent

L'automne cet impressionniste qui transmute le vert en or

Sous l'automne

Un arbre qui se plonge dans le lent sommeil en abandonnant à regret ses enfants recroquevillés

Sous l'arbre

Dans la mousse et l'humus, humidité poivrée, un champignon à tête rousse

Sous le champignon

Dans une cosse à peine perceptible

Quelque chose patiente

Prêt à la vie.



Et toujours, au dessus du dessus, le soleil en bonne nouvelle.



La mission

Sans savoir par quel chemin elle était venue, elle se retrouva devant les grilles d'une maison. Une grille de fer forgé avec des volutes et deux oiseaux qui semblaient s'embrasser. Une grille vieille à force d'attendre un geste d'espoir. Elle remarqua la fine chaine et le cannas qui s'émiettèrent sans résistance sur les pierres lorsqu'elle poussa la grille qui lança un long soupir d'oiseau nocturne.

Plus aucune allée ne menait à la maison. Les herbes sauvages en pointe de lance, en éventail, mousseuses ou ployées envahissaient l'espace. Elle décida de les affronter. Elle se piqua, se griffa, tomba mais elle continua. Elle se sentait investie d'une mission mais elle ignorait laquelle.

Enfin, elle aperçu la maison étrangement familière. Une maison faite de rondins de bois, accueillante, pimpante avec de petits volets ouvragés et une véranda sur son plancher un fauteuil à bascule qui prenait le frais en murmurant une comptine.

Elle entra en tremblant dans la maison. Elle pensait que ce serait sale et poussiéreux, que tout serait abimé, vandalisé, mais non, la maison l'attendait.

Sur un guéridon elle vit la photo. Elle s'approcha émue. Une dame bien coiffée, habillée d'une robe d'été lui souriait.

Elle saisit le portrait.



L'orphelinat réveilla d'une sonnerie tonitruante à 6 H 30 ses enfants. Sarah se réveilla hébétée serrant contre elle son oreiller. Elle se leva lentement en souriant, à présent elle savait que si elle apprivoisait ses rêves, elle pourrait retourner à la maison où l'attendait son enfance.





EVELYNE W