Destination : 212 , Auto-interviews croisées


Interview de ma voisine de palier

Interview de ma voisine de palier Mme Louisette Fripouillette dans le cadre d’un article pour le journal du C.I.Q. (Comité d’intérêt de quartier) ayant pour titre : Mieux connaitre nos voisins



Moi : Bonjour Mme Fripouillette c’est François votre voisin de pallier

Mme Fripouillette : C’est à quel sujet ?

Moi : Une interview pour le journal du C.I.Q

Mme Fripouillette : Rien compris

Moi : C’est pour une enquête sur les voisins pour un article dans le journal du quartier.

Mme Fripouillette : Je vais être dans le journal ?

Moi : Mais oui !

Mme Fripouillette : Attendez, je vais chercher une chaise

Moi : Pourquoi faire ?

Mme Fripouillette : Pour être plus à l’aise pardi

Moi : Mais je ne peux pas entrer ?

Mme Fripouillette : Il ne manquerait plus que ça. Vous m’avez déjà fait entrer chez vous ?

Moi : Non c’est vrai. Bon moi je m’assieds par terre

Mme Fripouillette : Voilà. C’est bien cette porte entre nous, je me crois presque à confesse.

Moi : Quel âge avez-vous Mme Fripouillette ?

Mme Fripouillette : Cà commence bien, la délicatesse ne vous étouffe pas. Je vais tout de même vous le dire : soixante et quinze bien tassés

Moi : Donc soixante seize. Racontez-moi votre quotidien.

Mme Fripouillette : Je me lève tôt vers les cinq heures et je me couche vers les minuit. Entre temps je grignote, je vais, je viens mais surtout je regarde, j’écoute, je note et je fais des collages.

Moi : Mais c’est passionnant. Donnez-moi des détails.

Mme Fripouillette : C’est surtout pour ne pas m’ennuyer et pour me rapporter un peu d’argent. Je ne touche qu’une toute petite pension.

Moi : Je m’en doute bien, pauvre Mme Fripouillette. Combien de personnes âgées ne vivent pas mais survivent.

Mme Fripouillette : Je ne suis pas à plaindre. Le Bon Dieu m’a laissé toutes mes facultés et j’en profite. Et puis il se passe tant de choses dans notre quartier. Le monde est si laid, mon pauvre Monsieur François. Tiens prenez le cas du marchand de légumes qui vient livrer le panier bio à votre voisine du dessus lorsque son mari est parti. Je peux vous certifier que ce n’est pas d’écologie qu’ils discutent. Et le mari de cette autre qui rentre au petit matin et les petits trafics en tout genre. Je vois tout. J’ai des petits carnets pour chaque vilénie et je note.

Moi : Ce n’est pas trop déprimant ?

Mme Fripouillette : Pensez-donc je m’amuse comme une gamine. Je prends une belle feuille de papier à lettre, je découpe avec soin des lettres dans le journal et je fabrique des phrases.

Moi : Mais je crains de comprendre … vous fabriquez des lettres anonymes ? Vous faites chanter vos victimes ?

Mme Fripouillette : Les grands mots ! J’arrondis ma modeste retraite au nom de la morale. Mais je sens que j’ai trop parlé. C’est de votre faute là, derrière la porte je vous l’ai dit, je me sentais comme à confesse. Cà m’a libérée de vous parler. Ce n’est pas la peine de mettre tout cela dans votre journal, je nierai. Allez je veux conserver des rapports de bon voisinage, je vais déchirer la lettre que j’allais adresser à votre épouse.







EVELYNE W