Destination : 76 , Je suis un animal...


Une journée de chien

Une journée de chien

Dring !...dring !... c’est quoi encore ce boucan ! Ah oui, Le réveil ! J’oubliais, c’est lundi, ils retournent au boulot, fini les grasses matinées. Ils n’ont pas de juste milieu quand même : ils restent au lit jusqu’à onze heures ou ils se lèvent avant que le jour ne se lève ! Comment voulez-vous avoir une vie équilibrée ! Parce qu’en plus je suis obligée de me lever en même temps qu’eux, sinon, je ne peux pas sortir avant midi, heure à laquelle ils rentrent pour déjeuner ! J’étais pourtant bien couchée sur la robe de chambre, ben oui ! Il y a beau avoir de la moquette au sol, le confort douillet d’une robe de chambre en polaire, ce n’est pas plus mal. Je lui pique le soir sur son fauteuil, un coup de patte rapide. Oh ! J’ai bien l’impression qu’elle fait semblant de ne pas m’avoir vu, même que l’autre jour, ils se sont mis à rigoler ! Ils me regardaient faire, ils se foutaient de moi, j’en suis sûr ! Du coup, moi aussi je fis comme si de rien n’était et continuai à mettre en ordre mon petit coin, « tel on fait son lit, tel on se couche »
Ils viennent d’allumer la lumière. Eh bien ! Ils en font un bruit quand ils se lèvent, ce n’est pas possible ! En plus, elle se croit obligée de venir me caresser, je laisse faire quand même, c’est toujours çà de gagné, moi qui croyait qu’elle me disait bonjour, mais non, je comprends tout, l’hypocrite ! Elle me caresse pour se faire pardonner de me piquer sa robe de chambre, ben voyons ! Bon, bien maintenant que je suis réveillée autant en profiter pour sortir dehors pendant qu’ils y sont disposés. J’ai remarqué, même eux font pareil que nous, le premier pied par terre et hop ! Ils se soulagent…Maintenant, il va falloir que je râle pour qu’on m’ouvre la porte, je sens çà… Ah, ils ont compris, c’est étonnant ! Ils me l’ouvrent en grand.
Il fait encore nuit, çà fait froid et il pleut brrrr…. ! Ce n’est pas un temps à mettre un chien dehors ! Ils insistent. Je me fais disputer parce que j’hésite et alors… j’ai bien le droit de réfléchir ! J’attendrais bien que l’averse se termine avant d’y aller quand même ! La température passons, mais la pluie ! Bon bien, puisqu’il faut y aller, allons-y, mais ce n’est pas de gaîté de cœur, sinon jusqu’à midi, je suis toute seule, çà va être dur
Ils sont deux parfois trois qui rentrent déjeuner, vers midi, mais ils mangent comme des lance-pierre. On dirait qu’ils ont le feu aux trousses, c’est à peine s’ils pensent à me donner à manger, heureusement qu’à la grande surface du coin le menu en boîte est tout préparé, sans çà…
Lorsqu’ils repartent au travail, avec un ton faussement consolateur, par la porte encore entrouverte, ils m’invitent à garder la maison, tiens donc ! Moi, l’après-midi, je me prélasse. Je dors jusqu’à leur arrivée, en fin de journée. Il vaut mieux parce que si je ne leur fais pas la fête quand ils arrivent, ils me font la gueule. Ils ne comprennent pas mes états d’âme. Je dois toujours être à leur disposition, surtout ma jeune maîtresse, souvent quand elle arrive elle me fait faire de la gymnastique, du saut, « du dressage » comme elle dit, tu parles, que croit-elle celle-là. Je fais quelques sauts et puis après, s’il n’y a pas de récompense elle peut toujours aller se faire voir, tiens !
Heureusement qu’il y a le dîner, pendant qu’elle se remplit l’estomac, je fais une pause. Je furète par ci, par là, voir si quelque chose ne tomberait pas malencontreusement au sol. J’arrive quelquefois, par un regard faussement désappointé et malheureux, à obtenir quelques miettes de leur festin.
Ma seule contrariété arrive quand le soir venu ils s’affalent sur la banquette avec leur télécommande à la main. J’essaie de me faire une petite place entre eux et glaner ainsi quelques caresses que je suis souvent obligé de réclamer par moult suppliques gestuelles « ils se lassent vite » si j’insiste de trop, ils vont même jusqu’à m’accuser d’avoir fait un vent ! et ainsi me rejeter comme une malpropre. Indigne !
Jean Luc BERGER.

Jean Luc