Destination : 165 , Rétrospective de l'année prochaine


2012 ou la fin d'un avenir

C'est le silence qui me frappe en premier. Vidées de leur brouhaha quotidien, les rues meurent elles-aussi. Les rares silhouettes les parcourant glissent comme des fantômes. Seul point commun : un masque ou un linge tâché de rouge plaqué sur leur nez. Les rangs sociaux n'existent plus. La perfidie virale nous a tous trouvé : jeunes, vieux, nantis, déshérités, affaiblis et bien portants. Nous sommes tous victimes de notre folie, pauvres clowns en sursis. Tout n'avait pas si mal commencé pourtant.



2012. Année apocalyptique selon les plus grands mages et sages de tous temps. Une forme d'effervescence s'est emparée de nous tous dès les premiers mois. Sur fond d'élection présidentielle, les plaisirs se sont succédés, insouciance collective. Les rencontres sportives nous ont fait rêver et les jeux télévisés offraient des gains hallucinants. Toutes les dérives tendaient à nous faire penser qu'il fallait profiter de chaque instant. Ce que nous avons fait, plus que de mesure.



Bien vite, les peuples se sont contrés. Chacun avec sa vision des choses voulait diriger la danse. Premières échauffourées, puis, premier conflit. Les grands de ce monde ne l'entendaient pas ainsi. Pour survivre aux prédictions, la seule doctrine à suivre était forcément la leur. De rencontres en sommets, l'incompréhension a fini par l'emporter. A l'heure des Jeux Olympiques, la flamme s'est embrasée et les premiers virus se sont « accidentellement » échappés. D'autres ont suivis, réponse oblige.



En ce jour de novembre 2012, la condition humaine se meurt. Alignement des planètes, cataclysmes, montées des eaux, fin du monde : nous avons été plus fort encore. Plus rapide aussi. La population restante ne connaîtra pas la date fatidique annoncée par les Mayas.



Je trouve un banc et me laisse aller contre le dossier. Mon mouchoir m'empêche de respirer tant il est imprégné. Je l'enlève, à quoi bon. Il ne me reste plus que quelques jours pour profiter de la clémence de ce dernier mois. A moins que....



Une déflagration assourdissante se fait entendre et le sol tremble sous mes pieds. Je lève la tête et voit monter dans le ciel bleu un extraordinaire champignon. Ainsi, c'est comme ça que tout va finir ? La donne a encore changée, il semblerait. Qu'à cela ne tienne ! Au diable les hémorragies dégradantes, et bienvenue au souffle libérateur...



LYDIE F