Destination : 2 , En route vers l'Afrique.


Promenade en forêt

Promenade en forêt.

Je promenais dans la forêt qui entoure Melun, il faisait beau, le temps
était clair, ma chienne me précédait avec un bâton dans la gueule.
D'un coup, elle le lâcha, et courut comme une folle dans les sous bois. Je
ne m'inquiétais pas, souvent elle faisait ainsi quand elle voyait un oiseau
ou sentait un lapin. Mais cette fois, elle disparut, dans les fourrés. Je la
rappelais, elle ne revenait pas. D'ordinaire, elle n’allait pas bien loin
et était obéissante. Je courus en l'appelant. Je l'aperçus au loin, puis je
la perdis de vue...

J'avançais avec de plus en plus de difficulté dans le fouillis des branches
et d'arbres couchés, vestige de la tempête de décembre 99. Je ne la voyais
plus. La forêt me paraissait de plus en plus luxuriante. J'entendais le
bruit de tam-tam, ce qui ne m'étonnait pas, souvent dans les bois de Melun,
des Africains en jouaient. Mais cette musique lancinante, me venait de plus
en plus forte et obsédante. Les arbres devenaient géants, la végétation
tropicale prenait la place de nos bons feuillus Européens. J’entendais des
chants d’oiseaux que je ne connaissais pas. Je vis une ombre sautée d'arbre
en arbre, non ce n'était pas un écureuil, mais bien un singe !

Heureusement, la végétation s'éclaircissait, je pensais revenir sur la
route, mais, là dans une clairière, je vis un village africain. Un? Quoi ?
Qui s'amusait à fabriquer un tel village à la porte de Paris ? Décore de
film peut-être ? Où sont les caméras? Les techniciens ? À moins que ce sont
des Africains, nostalgiques de leur pays. Je voyais des hommes et des femmes
habillées de simples pagnes. Les femmes, les seins nus, dont certaines
allaitaient un bébé. Je trouvais qu’ils allaient bien loin dans la
reconstitution de leur vie ancestrale!

J'allais retrousser chemin, ne pas gêner ces farfelues, retrouver ma chienne
et mon chemin balisés. C'est alors que je reçus un coup sur la tête, je me
sentis transporter, et je me réveillais dans une case entourée de femmes
noires et nues, me regardant en riant de toutes leurs dents blanches bien
plantées, ce qui me mit mal à l'aise. Instinctivement, une peur ancestrale,
inexplicable sortait de mes entrailles, je suais de peur, et je me découvris
nue, allongée à même le sol.
Elles me tripotaient, me palpaient de la tête aux pieds comme de la viande.
J’essayais de me relever. Des mains fermes me tiennent allongée. L’une d’
elle me mordit le lobe de l’oreille jusqu’au sang. Je criais, cela les
excitaient, elle me montrait leurs dents blanches, elles se passaient la
langue sur les lèvres comme si elles voyaient en moi un bon repas à
déguster.

C'est alors qu'un homme le visage recouvert de suie rentra dans la case,
sans doute alerté par mes hurlements, et chassa les femmes avec de grands
gestes. Il me laissa seul dans la case.
Je pus me relever, et, par une ouverture je vis un grand feu de bois, les
indigènes dansaient autour et poussaient des cris. Apparemment, ils se
préparaient à un festin, et c'était moi le...

Je devais fuir, je retrouvais mes habits en boules, je n’étais pas gardé, je
pu sortir et me cacher derrière les palissades, je courus sans bruit dans
la jungle.
J'entendis des cries, une bande d'excités armés de sagaies me cherchaient.
Je me cachai sous des plantes géantes, puis à la nuit tombante, je courus
dans la direction d’où je venais, j’arrivais à une piste, un camion de
chantier me conduisit dans des baraquements d’ouvriers ou je repris mes
esprits. Dans un mauvais français, ils m’expliquaient qu’ils construisaient
une voix de chemin de fer, à travers la forêt tropical du Congo. Ils rirent
quand je leur racontais que j’étais poursuivi par des cannibales.
« Il y a longtemps que ça n’existe plus ! Disaient-ils.

L’avion me ramena à Roissy, ma femme m’attendait avec la chienne qui remua
la queue en me voyant descendre de l’avion.

J François M