Destination : 90 , Auberge espagnole


Léon et l'endormi

Léon et l'endormi (un caméléon sur une jupe écossaise)


Tu es camé Léon
Moi je suis l'endormi
C'est bien ainsi que tu m'appelles ?

Pourtant de nous deux l'endormi...
Tu n'es guère plus éveillé que moi, abruti par tes décoctions-poisons
Tu goûtes trop le datura
Ses feuilles, ses racines, ses fleurs en infusion quand ce ne sont pas les graines que tu grignotes.
Moi je t'observe, dissimulé dans le feuillage de l'arbuste,
je chasse le moucheron et le chikungunya, je hume le parfum délicat des fleurs.
Quand j'étais un nouveau-né je me glissais dans la corolle je n'étais guère plus gros que le pistil, insignifiante brindille sombre.
Maintenant j'adore jouer au jeu des couleurs et quand j'ai réuni l'essentiel du fond, je n'ai plus qu'à m'endormir et me faire oublier.

Aujourd'hui tu m'as jeté un sort en jetant ce chiffon, ce bout de kilt écossais
Ah ! tu voulais te débarrasser d'un essaim de guêpes, mais c'est moi qui ai failli faire les frais de ton hallucination
Comme il m'en a fallu de l'énergie pour concentrer toutes ces couleurs en un temps record. Heureusement la dominante était verte et moi beau mâle. Je n'ai eu qu'à glaner quelques pointes de rouge sur le sol de ta case, des échardes jaunes sur les volets anti-cyclone, un dégradé de bleu dans le ciel de Saint-Leu, une ligne blanche sur la vague du spot.

Quand le jour tomba sur le petit lagon, il eut été bien difficile à quiconque d'isoler un élément dans ce tableau surréaliste. Surtout pas toi déjà plongé dans les effets hallucinogènes du datura.

Tu es camé Léon.
Moi, je suis l'endormi.


Mireille le 19 juillet 2007

mireille