Destination : 91 , Traîtres


On est toujours le traître de quelqu'un

* La main sur la cuisse. Abandonnée. Dansant sur le fil de mes pensées. Il va entrer en moi et je n'y pense pas.

* La grenouille a sauté. Le grillon a chanté. Vagues bruissements de l'été. Devant la fenêtre, une neige épaisse. Sur la table de chevet, la boîte et mon criquet.

* Que le temps s'arrête !
Que le train s'arrête !
Le vent porte les gémissements de mon coeur.
Le bonheur, c'est ici avec moi. Alors, retourne-toi !

* La trahison du coeur que l'on aime : "Je crois que je n'ai plus de sentiment pour toi."

* J'attends. J'attends que la nuit vienne.
J'attends. J'attends que la pluie tombe.
J'attends. J'attends que tu reviennes.

* Une bouche pleine de promesses. Je suis mordue à en crever et je ne peux plus m'en détacher. Un jour, la bouche me dit : "Je sais que je t'ai plu, mais il faudra m'oublier."
Ma bouche en détresse et ta bouche traîtresse.

* Ils ont changé la recette. Mon carambar. Mon bonbon préféré n'a plus le même goût. Les traîtres : c'est écrit en tout petit sur le paquet.

* Je me trahis moi-même chaque fois que je ne sais pas dire non. Chaque fois que je me laisse faire. Que je laisse à l'autre une emprise sur moi alors que je ne le supporte pas.
Je me trahis chaque fois que je me tais. Chaque fois que je sais et que je me tais.
Je me trahis chaque fois que je m'ignore et chaque fois que j'accepte mon sort.

* Il y a la pompe sur mon sein et ce lait qui ne veut pas sortir. Ce lait dont a besoin l'enfant. La pompe pompe. Quelques gouttes sortent. Le sein droit est trop endolori, alors je n'essaye pas. La pompe tire et aspire. Une ventouse accrochée à mon sein.
Je reste avec ce sein gonflé qui ne donne pas son lait. Je reste avec mon corps défaillant qui ne nourrit pas mon enfant.

Caroline Brouillard